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Discriminations au travail : Replay du direct avec Me Toufik Arib

Nous avons le plaisir de vous présenter notre deuxième direct réservé aux adhérents, qui a pour thème les discriminations de nature islamophobe au travail. Cette deuxième rencontre fait l’objet d’une intervention de Maître Toufik Arib, avocat au barreau de Grenoble et notamment spécialisé dans les questions liées au droit du travail. [fvplayer id= »8″]

Une étonnante étude pour le Droit De Vivre

Le mécanisme est connu. La séquence se répète chaque trimestre : une “étude”, financée par un média, des intérêts partisans ou privés, révèlent que “les élèves musulmans testent la République” (sic)1, à grand renfort de chiffres-choc, dont la méthodologie peu scrupuleuse n’est jamais discutée. Puis s’enclenche une semaine de débats sur des chaînes infos, donnant la parole à des polémistes, des figures politiques et des commentateurs qui, s’appuyant sur le vernis de scientificité que leur offrent ces sondages (qui n’en ont aucune), déversent un torrent de paroles racistes sans aucun mécanisme de contrôle des propos tenus.  Les minorités mises en cause, qu’il s’agisse des quartiers populaires, des communautés religieuses ou des groupes ethno-culturels, sont ainsi stigmatisées et sommées de se justifier sur des phénomènes qui ne sont jamais objectivés, quand ils ne sont tout simplement pas construits de toute pièce. Dans cet article, nous revenons sur la méthodologie et les buts d’une récente étude, commandée par la Licra et le “Droit de Vivre”, traitant du “droit à la critique des religions et des formes de contestations de la laïcité à l’école”. Hélas, les écueils, manquements et biais de ces sondages “buzz” que nous relevons ici sont tout aussi volontaires que constants dans les sondages à spectacle de ce type.  Décryptage 1. Les biais liés à l’approche globale Une étude au service d’un objectif politique clair On le voit dès le titre de “l’étude” : il s’agit d’imposer d’emblée le postulat d’un problème lié à la critique des religions, ainsi que l’existence d’une “contestation de la laïcité”, dont il faudrait évaluer la portée et la gravité.  Ces deux problématiques, tout à fait légitimes comme objets d’étude au demeurant, auraient très bien pu être traitées de manière exhaustive et sérieuse, par le recours aux données des saisines au niveau des rectorats ou des études transversales auprès du corps enseignant. On aurait réalisé que s’il existe bien des attitudes marginales qu’il convient de traiter et un écrasant besoin de formation et d’espaces de pédagogie autour des questions de laïcité, on est loin du tableau alarmant que l’extrême droite (et ses inavoués alliés de circonstance) essaie de dresser.  Cette approche par les faits ne satisfaisant pas l’objectif politique de mise en cause des lycéens de confession musulmane, elle a été délaissée par les commanditaires de l’étude, au profit d’un sondage, qui pourrait être étudié comme un cas d’école dans les formations de sciences politiques ou de statistique élémentaire.  Un « universalisme » de forme, une obsession de fond C’est dans la liste même des commanditaires : “Le Droit de Vivre” (dont on aimerait que les lycéens musulmans puissent aussi jouir en paix) – Revue Universaliste, ainsi que la LICRA, n’ont eu de cesse durant les dernières années de revendiquer une approche “aveugle aux couleurs”, renvoyant toute catégorisation ou toute objectivation des marqueurs du racisme à du “racialisme”. En revanche, quand il s’agit de construire des minorités comme un problème dans le cadre de ce sondage, là nos « universalistes » retrouvent soudainement la vue. C’est ainsi que les répondants sont classés en “blancs” et “non-blancs” (pages 12, 14, 16, 19, 21, 23…) dans le sondage, sans que cela ne dérange nos antiracistes universalistes de la dernière heure, qui auront vite fait d’expliquer que ce sont juste des catégories libres pour analyser les phénomènes. Cela n’a pourtant pas empêché ces mêmes “antiracistes” de diaboliser avec constance et véhémence les universitaires, militants associatifs ou journalistes qui ont, pour des raisons objectives de lutte contre le racisme, utilisé ces catégories dans le passé.   De la même manière, les lycéens sont catégorisés en fonction de leur religion, avec un focus spécifique sur les musulmans, à qui ce sondage est principalement dédié. Les personnes de confession musulmane sont ainsi scrutées à la loupe, dans leurs pratiques, leurs croyances et leur rapport à la laïcité et la République.  L’universalisme du discours cède alors à une obsession pour des marqueurs liés à la couleur de peau, la classe sociale ou la religion. Mais comme on le voit, les seuls masques que fait tomber ce sondage à visée politique sont ceux de ses commanditaires. Un dispositif d’étude défaillant Comme on le verra dans l’étude de l’échantillonnage, le dispositif choisi par les commanditaires induit des biais non sans conséquences sur les résultats du sondage. Ainsi, le choix a été fait d’opter pour un mode de recueil par “questionnaire auto-administré”. Qu’est-ce que ça veut dire? Que les répondants remplissent le questionnaire seuls devant leur écran, sans la moindre question de suivi ni réponse à leur possibles questions quant aux formulations ou aux concepts évoqués. Et c’est là tout l’écueil de faire réagir des personnes sur des mots-valises instrumentalisées en permanence sur la place publique… Interrogés sur la laïcité ou le terrorisme, sur la République ou sur des contestations, un répondant ne peut ainsi pas demander de précisions, ni le sondeur poser des questions factuelles, ce qui est le premier moyen de s’assurer de la sincérité des réponses, sur des sujets prêtant à controverse. C’est d’autant plus problématique  quand, comme c’est le cas ici, les répondants étudiés ne constituent qu’une poignée d’individus.  Cette auto-administration rend ainsi possible une lecture différenciée du questionnaire, au gré des représentations politiques que les répondants portent sur la société. Par exemple, en page 8 du questionnaire, on constate que plus le statut social des parents des lycéens est élevé, plus  les formes de contestations qu’ils observent sont nombreuses… Or si le statut social avait un impact statistique explicatif sur les faits, il serait plutôt situé dans la manifestation des actes plutôt que dans l’acuité visuelle des “observateurs” de ceux-ci. C’est donc que les représentations politiques des répondants influent sur leurs observations, sans vérification possible. Ce que ce mode de recueil rend précisément possible. 2. Les biais liés à l’échantillonnage Il y a 2 288 800 lycéens en France. Mais l’IFOP se contente d’un échantillon de 1006 répondants pour tirer des conclusions d’une portée politique nationale. À titre d’indication, le CNESCO (Centre National d’Etude des Systèmes Scolaires) avait mené en 2020 une étude incluant

Elles ont gagné leur procès contre la ville de Bruxelles

Deux étudiantes portant le foulard ont gagné leur procès contre la Haute École de Bruxelles, Fransisco Ferrer (HEFF) le mercredi 24 novembre dernier. Dans son jugement, le tribunal de première instance francophone de Bruxelles a reconnu le caractère discriminatoire du règlement intérieur de l’établissement scolaire supérieur, qui interdisait le port de tous signes convictionnels. Le tribunal a de même ordonné la cessation de cette discrimination. Pour rappel, plusieurs étudiantes voilées de la HEFF avaient attaqué en justice, dès novembre 2017, la ville de Bruxelles – pouvoir organisateur de l’école en question – qui refusait le port du foulard au sein de l’établissement ainsi que toute possibilité de faire évoluer la question. Selon le collectif les 100 diplômées, les étudiantes subissaient « humiliations et remarques déplacées » pendant des années. Un miroir était même installé à l’entrée de l’établissement, marquant la limite à ne pas franchir avec le foulard.

Incendie déclaré sur le chantier de sa future maison

Mercredi 24 novembre dernier, Yassine F. découvre l’abri de chantier de sa future maison en feu. Un incendie a ravagé les lieux, où celui-ci avait obtenu un permis de construire. Dans cette affaire, la piste criminelle est privilégiée et l’islamophobie est mise en évidence. En effet, pour certains habitants de la commune de Saint-Jeures, la famille de Yassine F. n’est pas la bienvenue. Une pétition aurait même circuler  pour dénoncer le permis de construire de la maison de ce dernier. « Le problème aujourd’hui, c’est que je ne porte pas le nom et le prénom qui vont bien », affirme-t-il au quotidien Le Progrès, avant de conclure : « J’abandonne mon projet, j’ai peur pour mes enfants ».

« Travailler dans le ménage à l’école, oui, mais pas animatrice »

Emira* est employée dans une société de réinsertion professionnelle. A ce titre, elle exerce en tant qu’animatrice dans une école primaire publique. Sa mission consiste à accompagner et surveiller les enfants pendant les heures de cantine et de pause.  Durant le premier mois de sa prise de fonction, son turban est accepté et ne fait l’objet d’aucune remarque, ni de la part de ses employeurs ni de la part des responsables de l’établissement scolaire. Elle est par ailleurs très appréciée des enfants, qui ne font aucune observation concernant son turban. C’est au cours du deuxième mois qu’Emira est interpellée par sa supérieure, qui lui explique qu’elle ne doit plus porter son turban, invoquant le principe de neutralité à l’école. Cette remarque est arrivée quelques jours après l’intervention exceptionnelle d’Emira dans un autre établissement scolaire. Surprise, Emira ne comprend pas le changement d’attitude de ses supérieurs, qui ne lui avaient jusqu’alors adressé aucune observation concernant le port de son turban. D’ailleurs, ils reconnaissent eux-mêmes être indifférent au fait qu’elle porte le turban, mais qu’ils subissent des pressions. De qui ? En tout état de cause, ces personnes ont fini par convaincre la société dans laquelle Emira travaille de se débarrasser d’elle. « En revanche vous pouvez travailler dans le ménage à l’école, mais pas animatrice ». Voilà la phrase qui a été adressée à Emira qui, indignée, décide de contacter le CCIE. En charge de ce dossier, le CCIE lui apportera l’aide, le soutien et les conseils dans cette affaire. C’est grâce à votre soutien que le CCIE peut venir en aide à toutes celles qui comme Emira tentent de vivre leur foi de manière apaisée, dans une société de plus en plus rongée par les thèses d’extrême droite. Pour les autres femmes qui sont privées de leurs droits, Emira adresse ce message : « Surtout, ne pas s’avouer vaincu ! Si la loi nous permet de garder notre foulard dans des métiers autres que le ménage, alors allons-y ! » *Le prénom a été modifié

Interdite d’accès au réfectoire d’une école d’infirmiers

Yasmine*, étudiante portant le foulard, vient d’intégrer à la rentrée scolaire 2021 un institut de formation en soins infirmiers. Dès la réunion de rentrée, la direction de l’établissement de santé – dans lequel les étudiants exercent – leur annonce l’application du principe de neutralité au sein du réfectoire. Les étudiantes portant le foulard devront donc le retirer pour manger ! Les syndicats ont pris connaissance des faits et ont été scandalisés d’apprendre ces nouvelles mesures. Les étudiantes voilées seraient en effet les seules concernées par cette interdiction. Considérant que cette décision était discriminatoire, les syndicats ont entrepris des démarches auprès des responsables. Mais l’établissement de santé a refusé de les entendre et a même renforcé ses prises de position discriminatoires, jouant sur le statut des étudiantes, considérant ces dernières comme stagiaires. Jusqu’à ce jour, les étudiantes portant le foulard n’ont pas le droit de déjeuner au réfectoire avec le reste de leurs camarades. Elles n’ont d’autres choix que de se rabattre sur des micro-ondes qu’a bien voulu leur mettre à disposition leur établissement pour réchauffer leurs plats. Cette situation reste pénible pour elles, leur rajoutant une charge supplémentaire pour s’occuper de leur repas. Désespérée, Yasmine s’est donc tournée vers le CCIE, pour en savoir plus sur ses droits en tant qu’étudiante. Aujourd’hui, le CCIE est en contact avec ces étudiantes pour suivre leur dossier et leur apporter conseil. Pour les étudiantes qui sont dans la même situation que Yasmine, elle adresse ce message : « N’hésitez pas à en parler autour de vous, et n’oubliez pas que vous n’êtes jamais seul(e)s ! » *Le prénom a été modifié

Sécurité intérieure : Replay du direct avec Me Sefen Guez Guez

Cette première rencontre a fait l’objet d’une intervention de Maître Sefen Guez Guez, avocat au barreau de Nice, qui a une longue et riche expérience sur les problématiques en lien avec les mesures dites « antiterroristes » qui ont stigmatisé, notamment depuis 2015, un grand nombre de familles musulmanes. Il est intervenu sur des questions qui ont bouleversé de nombreuses personnes suite à des licenciements abusifs, perquisitions et fermetures administratives. [fvplayer id= »7″]

Le CCIE se constituera partie civile au procès de Dole

En tant qu’organisation de défense des droits humains et de lutte contre le racisme et l’islamophobie, le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe a décidé de se constituer partie civile dans le procès contre l’homme qui a percuté M. Adil Sefrioui, le 21 avril 2021 à Dole, en France.  Au-delà de la violence meurtrière de cet acte, le CCIE souhaite mettre en lumière la minimisation qui a été faite de ce racisme ainsi que le contexte qui a rendu possible cette tentative de meurtre justifiée par des propos racistes que l’on croyait révolus (bicot, etc.) Comme si le racisme antiarabe ou antimusulman était moins grave qu’un autre type de racisme, les réactions médiatiques et politiques qui ont suivi cet acte ont été sensiblement moins fermes que ce qu’on pouvait attendre, alors que le climat actuel en France porte une responsabilité manifeste : mesures liberticides et islamophobes proposées par le gouvernement, radicalisées par le Sénat, libération de la parole islamophobe dans certains médias (Valeurs actuelles, Le Figaro, etc.) et groupuscules identitaires (Génération identitaire, Printemps républicain, etc.), menaces contre les lieux de culte musulman, etc. Penser qu’il n’y a aucun lien entre l’acte raciste et la construction du problème musulman en France, c’est refuser de voir la réalité politique et sociologique de la banalisation de la haine contre les musulmans. L’actualité juridique montre qu’il y a encore du travail : alors que des identitaires voient leur condamnations confirmées (Catherine Blein et Christine Tasin condamnées pour apologie du terrorisme), un non-lieu est rendu dans le procès de l’attentat terroriste de Bayonne, alors que l’on est en droit de savoir si la responsabilité dépasse la seule action du terroriste décédé en prison. C’est dans le but de questionner les responsabilités et les idéologies racistes qui sont à l’œuvre dans cette tentative de meurtre qu’il importe pour le CCIE de se porter partie civile dans le procès de Dole.

Le CCIF ne s’est pas « reconstitué en Belgique »

Depuis la mise en ligne de notre page Facebook, plusieurs médias, français et belges, ont annoncé que le CCIF, auto-dissout en France le 29 octobre puis dissout par le Conseil des ministre français le 2 décembre 2020, s’était « reconstitué en Belgique ». Cela est faux : le CCIF n’existe plus. Ses actifs et ce qui constitue sa propriété intellectuelle ont été cédés à des associations, dont le CCIE, juste après l’auto-dissolution. Malgré les nombreux faits établis ces derniers mois, persistent des contre-vérités à propos de cette association, et notamment l’idée que le CCIF aurait été « manifestement impliqué » dans l’assassinat du professeur Samuel Paty. Les médias français — comme Le Monde ou Libération — qui ont enquêté pour savoir si le CCIF était impliqué ont pu se rendre compte qu’il n’y a eu absolument aucune action ou communication de la part de l’association sur ce dossier.  Dès lors, prétendre que le CCIF aurait été impliqué dans l’attentat (ou même dans la campagne contre Samuel Paty) est hautement diffamatoire et grave ; cette accusation a d’ailleurs donné lieu à de nombreuses menaces de mort adressées aux équipes de l’association, dont la sécurité physique était en danger en France. Le 27 octobre, dans le quotidien Libération, M. Gérald Darmanin a fait marche arrière et a reconnu que le CCIF n’avait aucun lien avec la campagne contre le professeur Samuel Paty, tout en faisant part de sa détermination à dissoudre l’association. Le CCIF était une organisation pacifique et aucun de ses membres n’ayant fait l’objet d’une condamnation, le gouvernement français, par l’intermédiaire de son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est passé par la voie administrative pour la dissoudre. Cette dissolution arbitraire, que l’avocat du CCIF a contestée auprès du Conseil d’État, a heurté plusieurs grandes organisations historiques, comme Amnesty International, qui y a vu une atteinte à la liberté d’association, la Ligue des Droits de l’Homme, qui l’a qualifiée de « dissolution politique » ou comme Human Rights Watch, qui l’a inscrite dans une « dérive sécuritaire » qui met en danger les libertés.  Le CCIE est une nouvelle association, une asbl belge qui fonctionnera de manière différente du CCIF, notamment parce qu’elle va s’orienter sur l’observation et l’analyse du phénomène d’islamophobie à l’échelle européenne. Naturellement, notre choix s’est dirigé vers Bruxelles, capitale de l’Europe et espace de rencontres et d’échanges des organisations non gouvernementales européennes. En cela, le CCIE n’est pas une reconstitution du CCIF. Il récupère uniquement les productions et les moyens de communication cédés par le CCIF lors de son auto-dissolution. L’équipe du CCIE

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