La France utilise-t-elle la présidence de l’Union Européenne pour diffuser l’islamophobie ?

Tandis que l’attention européenne est tournée à l’est, accaparée par le conflit russo-ukrainien, sans pour autant questionner le traitement différencié des réfugiés en fonction de leur couleur de peau, qu’en est-il des effets de la présidence Française de l’UE en matière de lutte contre les discriminations ?

Shada Islam, membre du prestigieux Conseil stratégique du European Policy Center à Bruxelles rapportait déjà le 3 janvier dernier dans le Guardian que de très nombreux européens de confession musulmane craignaient que la présidence française de l’UE ne permette une diffusion insidieuse du discours anti-musulmans dans l’élaboration des politiques européennes, notamment en matière de lutte contre les discriminations.

Trois mois plus tard, la crainte exprimée du bout des lèvres se confirme donc et devient réalité pour qui reste vigilant.

Alors qu’en mai 2020, le meurtre de George Floyd aux Etats-unis avait poussé l’UE par la voix de la présidente de la commission Ursula Von der Leyen à annoncer la mise en place d’un plan d’action contre le racisme, les organisations de la société civile avaient alors appelé à la mise en place d’un plan ambitieux et restaient vigilantes quant à la forme que ce dernier prendrait.

Les contours de ce plan, dessinés par la commission européenne, devait inclure un certain nombre de dispositions dont la nomination d’un coordinateur européen chargé de la lutte contre la haine anti-musulmane.
C’était sans compter le lobbying actif du gouvernement français qui, à l’évidence, a décidé d’user de son influence au sein des institutions européennes pour dicter la marche en matière de racisme.

Dans les conclusions du conseil de l’UE, on observe ainsi que toute mention de lutte contre le racisme systémique et institutionnel a été supprimée. De la même manière, il n’est fait mention nulle part de la nomination d’un coordinateur européen chargé de la lutte contre la haine anti-musulmane, sur le modèle de son équivalent chargé de la lutte contre l’antisémitisme.

Ce poste, créé en décembre 2015 et qui avait vu son mandat renouvelé en juillet 2018, est un poste essentiel pour la lutte contre l’islamophobie.
Force est de constater que son non-renouvellement pourtant soutenu par plusieurs députés européen, n’est pas sans lien avec le contexte de la présidence française. 
La commissaire européenne à l’égalité Helena Dalli, attaquée par le gouvernement français à travers des personnalités politiques françaises, Marlène Schiappa et Clément Beaune en première ligne, n’a pour le moment pas réagi dans ce bras de fer autour de la lutte contre les discriminations anti-musulmanes.  

Reste à savoir si la commission européenne sera suffisamment immunisée contre la diffusion du discours politique anti-musulman français, et si les ONG de lutte contre les disctriminations et pour l’égalité trouveront les ressorts necessaires pour promouvoir un mode de vie européen reposant sur l’égalité et l’inclusion auprès des responsables européens.

Sources :

https://www.theguardian.com/world/commentisfree/2022/jan/03/europes-muslims-braced-frances-eu-presidency
https://www.leparisien.fr/politique/leurope-doit-faire-son-travail-contre-les-associations-islamistes-juge-marlene-schiappa-22-11-2021-NMB6FCJYBJCBHHBHOZAOYKKAYQ.php 

Le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe est une association sans but lucratif basée en Belgique.

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