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L’assemblée générale de l’ONU désigne le 15 mars journée internationale de lutte contre l’islamophobie

Ce mardi, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution à l’initiative du Pakistan pour faire du 15 mars la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Cette journée qui a pour but de favoriser le dialogue et la promotion d’une culture de tolérance et de paix fondée sur le respect des droits humains et de la diversité des religions et des convictions sera intégrée au calendrier des journées mondiales de l’ONU. De plus en plus visible dans les médias, l’islamophobie est depuis plusieurs décennies amplifiée par des discours politiques de tous bords qui l’exploitent à des fins électorales, n’en faisant plus uniquement le marqueur de l’extrême-droite mais bel et bien une attitude transversale qui prend des proportions “épidémiques” selon la représentation pakistanaise. Malgré le consensus et saluée par de nombreux pays, la résolution a fait réagir les représentants des délégations françaises et européennes qui ont critiqué l’utilisation du terme “Islamophobie” et arguant que la désignation d’une journée dédiée segmente la lutte contre l’intolérance religieuse. Ce positionnement, la France en tête de file, aux côtés des Etats-Unis et d’autres pays européens le portaient déjà en 2020 lorsqu’ils avaient voté contre la résolution appelant à une action concrète pour l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance, et se trouve aux antipodes du discours moralisateur de ces pays européens en matière de lutte contre les discriminations. Pour rappel, l’islamophobie est une violation des droits humains et des libertés de religion et de conviction des musulmans.Dénoncée depuis plusieurs décennies par toutes les institutions sérieuses de terrain à travers le monde , cette forme de racisme se définit comme l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’islam.  Ainsi, l’instauration d’une journée internationale de lutte contre l’islamophobie par l’ONU ouvrira-t-elle peut-être la voie à plus d’espoir en matière d’égalité de droits.

La France utilise-t-elle la présidence de l’Union Européenne pour diffuser l’islamophobie ?

Tandis que l’attention européenne est tournée à l’est, accaparée par le conflit russo-ukrainien, sans pour autant questionner le traitement différencié des réfugiés en fonction de leur couleur de peau, qu’en est-il des effets de la présidence Française de l’UE en matière de lutte contre les discriminations ? Shada Islam, membre du prestigieux Conseil stratégique du European Policy Center à Bruxelles rapportait déjà le 3 janvier dernier dans le Guardian que de très nombreux européens de confession musulmane craignaient que la présidence française de l’UE ne permette une diffusion insidieuse du discours anti-musulmans dans l’élaboration des politiques européennes, notamment en matière de lutte contre les discriminations. Trois mois plus tard, la crainte exprimée du bout des lèvres se confirme donc et devient réalité pour qui reste vigilant. Alors qu’en mai 2020, le meurtre de George Floyd aux Etats-unis avait poussé l’UE par la voix de la présidente de la commission Ursula Von der Leyen à annoncer la mise en place d’un plan d’action contre le racisme, les organisations de la société civile avaient alors appelé à la mise en place d’un plan ambitieux et restaient vigilantes quant à la forme que ce dernier prendrait. Les contours de ce plan, dessinés par la commission européenne, devait inclure un certain nombre de dispositions dont la nomination d’un coordinateur européen chargé de la lutte contre la haine anti-musulmane.C’était sans compter le lobbying actif du gouvernement français qui, à l’évidence, a décidé d’user de son influence au sein des institutions européennes pour dicter la marche en matière de racisme. Dans les conclusions du conseil de l’UE, on observe ainsi que toute mention de lutte contre le racisme systémique et institutionnel a été supprimée. De la même manière, il n’est fait mention nulle part de la nomination d’un coordinateur européen chargé de la lutte contre la haine anti-musulmane, sur le modèle de son équivalent chargé de la lutte contre l’antisémitisme. Ce poste, créé en décembre 2015 et qui avait vu son mandat renouvelé en juillet 2018, est un poste essentiel pour la lutte contre l’islamophobie.Force est de constater que son non-renouvellement pourtant soutenu par plusieurs députés européen, n’est pas sans lien avec le contexte de la présidence française. La commissaire européenne à l’égalité Helena Dalli, attaquée par le gouvernement français à travers des personnalités politiques françaises, Marlène Schiappa et Clément Beaune en première ligne, n’a pour le moment pas réagi dans ce bras de fer autour de la lutte contre les discriminations anti-musulmanes.   Reste à savoir si la commission européenne sera suffisamment immunisée contre la diffusion du discours politique anti-musulman français, et si les ONG de lutte contre les disctriminations et pour l’égalité trouveront les ressorts necessaires pour promouvoir un mode de vie européen reposant sur l’égalité et l’inclusion auprès des responsables européens. Sources : https://www.theguardian.com/world/commentisfree/2022/jan/03/europes-muslims-braced-frances-eu-presidencyhttps://www.leparisien.fr/politique/leurope-doit-faire-son-travail-contre-les-associations-islamistes-juge-marlene-schiappa-22-11-2021-NMB6FCJYBJCBHHBHOZAOYKKAYQ.php 

Fermeture administrative de la mosquée de Pessac. La liste s’allonge.

La mosquée Al Farouk de Pessac est victime d’une procédure de fermeture administrative initiée par la préfecture de Gironde. Gérée par le Rassemblement des musulmans de Pessac, il lui est reproché d’avoir “promu un islam radical et une idéologie salafiste”. Contestant vivement cette décision et les arguments avancés par la préfecture, la mosquée et son président dénoncent des arguments fallacieux et une décision infondée qu’elle qualifie de “punition collective” dans son communiqué. Elle met également en avant de bonnes relations avec les pouvoirs publics et dénonce l’injustice de cette décision. En octobre 2020, la mosquée et son président Abdourahmane Ridouane avaient déjà subi des perquisitions par la police dans le cadre du contrôle accru des responsables associatifs musulmans qui a suivi l’assassinat de Samuel Paty. La préfecture avait choisi de ne pas dévoiler le bilan de ces perquisitions. La mosquée et son président par le biais de son avocat ont décidé de faire usage de tous les recours possibles pour contester cette décision arbitraire. La préfecture, qui justifie sa décision en invoquant la loi de 1905 et le code de la sécurité intérieure, prive ainsi près d’un millier de fidèles de leur lieu de culte et ce à moins d’un mois du début du mois de Ramadan. © Crédit photo : archives Claude Petit / « Sud Ouest »

Injustement accusé de radicalisation, un pilote d’Air France réhabilité par le juge administratif

Soupçonné de radicalisation, un pilote de ligne de la compagnie aérienne Air France a été empêché de voler depuis plus de trois mois, rapporte, le journal « Le Parisien ». Un arrêté conjoint de la préfecture de police de Paris et de Loire-Atlantique avait décidé de lui retirer son habilitation à accéder aux zones de sûreté réglementées des aérodromes. Après avoir saisi le tribunal administratif de Montreuil, celui-ci lui donne gain de cause. Il peut donc exercer de nouveau.  On avait reproché au pilote de 35 ans sa proximité avec un ancien collègue d’Air Algérie « connu pour sa pratique rigoriste de l’islam ». « Très proches, les deux hommes partagent les mêmes convictions rigoristes et contraires aux valeurs de la République. Monsieur X entretient également des relations avec des individus connus comme appartenant ou étant proches de la mouvance islamiste radicale », précise l’arrêté. Ces accusations proviennent d’une « note blanche » (document écrit mais non signé) des services de renseignement, qui avance des faits non étayés selon le juge administratif . Elle indique que le pilote respectait ses heures de prières « y compris pendant un vol », ainsi que le jeûne du mois du Ramadan, au mépris des règles de sécurité aérienne imposées au personnel navigant. Des accusations que le pilote réfute totalement. Les autorités préfectorales ont de même signalé sa fréquentation de la mosquée de Tremblay-en-France (Région parisienne) ainsi que d’une mosquée du Xe arrondissement de Paris. Des arguments trop faibles, selon le tribunal, qui considère, à juste titre, que la seule fréquentation de ces lieux ne suffisait pas à qualifier le pilote comme extrémiste.  Par ailleurs, et contrairement à ce que soutenait la préfecture, aucun collègue n’a jamais demandé à ne pas voler avec lui. “Il ressort de l’ensemble de ces documents que Monsieur X a entretenu avec l’ensemble des personnels navigant de la compagnie aérienne, qui l’emploie depuis 2018, des relations professionnelles cordiales et appropriées aux responsabilités qui lui sont confiées et n’a pas hésité à prendre part, au cours d’escales, aux rencontres conviviales organisées dans des bars ou des restaurants par les équipages », relève l’ordonnance rendue ce jeudi. Selon son avocat, l’accusé aurait donc été “victime d’une dénonciation calomnieuse” dans un contexte où il avait réussi la sélection pour intégrer Air France.  Le pilote récupère donc son habilitation d’accès et pourra à nouveau exercer son métier. Mais son cas de suspension n’est pas unique au sein de la compagnie aérienne Air France. Suite aux attentats de novembre 2015, 73 accréditations d’agents fichés S ont été retirées, sur la base de soupçons de radicalisation. Les aéroports demeurent des lieux sensibles à protéger mais les discriminations récurrentes envers les employés en raison de leur religion n’apportent aucune sécurité particulière. 

Sport : la préfecture de police de Paris interdit une manifestation des « hijabeuses »

La préfecture de police de Paris a annoncé, ce mardi 8 février, interdire la manifestation des « Hijabeuses » prévue ce mercredi. Ce collectif milite pour lever l’amendement qui entend interdire le port du foulard lors des compétitions sportives organisées par les fédérations et les associations affiliées. La prefecture suspend les Hijabeuses !Une fois de plus, on empêche les femmes de jouer.. on vous explique tout en détails. #LetUsPlay #LaissezNousJouer #Footballpourtoutes #SportPourToutes pic.twitter.com/mlqOxDiu0L — Les Hijabeuses (@leshijabeuses) February 8, 2022 Le collectif avait appelé au rassemblement sur l’esplanade des Invalides où « matchs de foot avec les hijabeuses, les allié.e.s et les élu.e.s » étaient au programme. Mais, l’arrêté de la préfecture de police soutient que « la manifestation projetée est de nature à troubler l’ordre public ». L’argumentaire de cette interdiction est par ailleurs vide de sens, évoquant « l’islam politique, qui prône le port du voile », « l’égalité entre les femmes et les hommes », la situation des femmes dans certains pays comme « l’Iran et l’Afghanistan », le « patriarcat religieux » ou encore le reportage de Zone Interdite, diffusé le 23 janvier dernier sur « l’islam radical ». Le collectif a réagi à cette interdiction en dénonçant une décision « arbitraire, injuste et disproportionnée ». Les arguments avancés par le préfet sont scandaleux et ne reposent sur rien d’autre que des préjugés racistes et une confusion politique délibérément entretenue. Les Hijabeuses – Twitter Elles annoncent également avoir saisi le tribunal pour contester l’arrêté préfectoral, qui le suspend finalement. La manifestation des hijabeuses fait suite à l’amendement dans le cadre du projet de loi sur la démocratisation du sport. Députés et sénateurs s’opposent encore sur la question. Le texte doit être rediscuté ce mercredi à l’Assemblée nationale.

Fermeture de la mosquée de Cannes : les punitions collectives de Darmanin se poursuivent

Mercredi 12 janvier 2022, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a choisi la chaîne d’information d’extrême-droite CNews pour annoncer sa décision de fermeture de la mosquée Al Madina de Cannes (Alpes-Maritimes) en accord avec le maire LR de la ville David Isnard. Il reproche à ses responsables d’avoir tenu des « propos antisémites » et « d’avoir soutenu le Collectif Contre l’Islamophobie en France ainsi que Barakacity », deux ONG dissoutes par le gouvernement de Macron fin 2020 pour des motifs fallacieux. La préfecture des Alpes Maritimes a également ajouté, à cette charge du ministre, que « des propos haineux envers la France et incitant à la haine des homosexuels et transexuels » avaient été tenus.  Gérald Darmanin en a profité également pour accuser 70 lieux de culte musulmans en France d’être des mosquées radicalisées laissant penser que la campagne de répression du ministère se poursuivra jusqu’à l’obtention de la fermeture temporaire ou définitive de ces espaces de liberté religieuse. De son côté, le recteur de la mosquée menacée par Gérald Darmanin, Ahmed Guessoum, a affirmé lors d’un point de presse, que les propos incriminés avaient été tenus par l’ancien recteur, qui, n’ayant plus aucune responsabilité au sein de la mosquée, a démissionné et déménagé de la ville de Cannes. Par ailleurs, l’équipe actuelle n’a pas le contrôle des comptes concernés par les publications. Ces affaires de fermeture administrative laissent apparaître que des dispositions particulières s’appliquent en France lorsque des sanctions sont infligées aux musulmans. Afin de tenir compte de leur singularité et de leur infériorité ainsi que de l’irrésistible appétit raciste de certains hommes politiques, les scrupules juridiques et les considérations morales sont effacées. Les musulmans sont responsables collectivement et de manière immuable des actes ou des propos d’une minorité d’entre eux. Appliquée à d’autres cultes, cette règle aurait poussé à la fermeture l’ensemble des lieux de prière dans lesquels auraient exercé les pédophiles. Cette hiérarchie des principes et des races est insoutenable dans un pays démocratique. Elle ruine le concept d’égalité et même d’humanité en tant qu’ensemble composé d’individus dont les différences sont indifférentes. C’est pourquoi tous les Français doivent bénéficier d’une égale dignité et d’un traitement indifférencié. Tout le contraire de la politique de Macron à l’égard des musulmans de son pays.

Mosquées : le laissez-passer de Darmanin ?

Gérald Darmanin semble choisir de réagir aux actes haineux islamophobes visant les mosquées en fonction de l’adhésion de ces dernières à la Charte des principes de l’Islam de France. Explications. La dernière réaction de Gérald Darmanin suite à la profanation de la mosquée de La Mûre a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup ont relevé l’hypocrisie d’une condamnation de façade face à une politique de diabolisation des mosquées de France. C’est encore pire que cela. Si on pouvait malheureusement s’en douter, c’est désormais démontrable : Gérald Darmanin, ministre chargé de la protection des cultes, semble choisir de condamner (ou non) une profanation à l’encontre d’une mosquée selon que celle-ci a signé (ou pas) la charte des principes de l’Islam de France. C’est un nouveau palier inédit qui est franchi dans la banalisation de l’expression de haine à l’égard des musulmans.  Pas de charte, pas de condamnation ? Les chiffres sont implacables. En 2021, 30 mosquées et institutions musulmanes ont été visées par des actes haineux. 18 sont survenus au cours des quatre derniers mois. 27 ont ciblé directement des mosquées. Un tag haineux a ciblé l’ONG musulmane “Human Appeal”, un centre-ville historique a été couvert de tags “Islam Dehors”, et enfin, une lettre de menace de mort a été envoyée au Président de la confédération Milli Görus, Fatih Sarikir. Sur ces 30 manifestations de haine à l’égard des musulmans, Gérald Darmanin n’a eu de mots de condamnation sous forme de tweets qu’à 8 reprises. Jamais une seule mosquée turque dépendante des confédérations CIMG (Milli Gorus) ou DITIB n’ont eu de mots de sa part, quelle que soit, par ailleurs, l’ignominie des messages haineux adressés aux mosquées. Ou plutôt si. La seule fois étant la salle de prière de La Mure, gérée par une association turque, et visée par un acte haineux le 28 décembre dernier, soit quelques jours après que le CIMG, et les deux autres fédérations restantes (Foi et Pratique et DITIB) aient finalement signé la charte des principes de l’Islam de France. Pour rappel, la charte des principes de l’Islam de France est un texte largement controversé, en ce qu’il impose un cadre dépassant les règles de neutralité de l’état en matière de laïcité par rapport au culte musulman. Elle contient également une mention intimant les responsables du lieu de culte de ne pas faire mention d’une “islamophobie d’État” lors des prêches. Le texte, tant par la démarche que par son contenu, avait suscité de vives critiques du monde associatif musulman. À la question : « Est-ce que les actes de la politique du Ministère de l’Intérieur conduisent à banaliser les actes haineux à l’égard des mosquées ?”, la réponse devient alors évidente. Et cela fait froid dans le dos, particulièrement dans un contexte où nous notons des actions coordonnées contre des mosquées. Des attaques coordonnées et…banalisées Dans la nuit du 7 novembre au 8 novembre 2021, quatre mosquées du département du Doubs (25) en Bourgogne-Franche-Comté sont marquées à la peinture rouge d’une croix de Lorraine. Deux semaines plus tard, dans la nuit du 20 novembre au 21 novembre 2021, deux mosquées ont subi le même sort. Au total, 6 mosquées ont été visées dans le Doubs, avec le même mode opératoire, mais aucune mesure officielle de protection renforcée de ces mosquées n’a été annoncée par le préfet Jean-François Colombet.  Détail supplémentaire : alors que la première attaque visant quatre mosquées, appartenant toutes à la fédération turque Ditib, n’avait suscité aucune réaction ni de la part du Préfet, ni du Ministre de l’Intérieur, la seconde attaque visant deux mosquées a été unanimement condamnée par les autorités publiques. À noter que ces deux dernières mosquées n’appartiennent pas aux confédérations turques.  Par ailleurs, nous constatons une forme de revendication politique assumée dans les attaques visant les mosquées, reflétant les discours politiques. Par exemple, la Croix de Lorraine était un symbole de résistance face à l’Allemagne nazie. Ici, elle est utilisée pour viser les membres des communautés musulmanes en écho aux discours ambiants comparant des militants antiracistes perçus comme musulmans à des “nazislamistes”. Nous nous rappelons également des discours comparant le voile à un brassard nazi. Le 10 avril 2021, c’était le Centre Avicennes à Rennes qui était visé par plusieurs tags islamophobes haineux. Parmi ces messages, nous pouvions y lire “EELV = traîtres” quelques semaines après la polémique nationale qui avait visé la municipalité écologique de Strasbourg suite à son aval au projet de construction de la mosquée Eyyup Sultan.  Les discours des personalités politiques favorisent les passages aux actes haineux et nourrissant un cercle sans fin de surenchère islamophobe. L’exemple le plus éclatant du sentiment d’impunité qui anime les auteurs des tags haineux est ce message s’adressant au gouvernement, laissé sur le mur de la mosquée de Martigues en juillet dernier, au milieu d’inscriptions obscènes “Arab dehors, “porc”, “N*k musulmans” : “À l’aide gouvernement: le sentiment d’insécurité est une réalité”. Les agissements du Premier flic de France, conditionnant son indignation à des actes intentant aux biens et à l’intégrité de fidèles musulmans à la signature d’une charte, viennent renforcer une logique où il y aurait des “bons musulmans”, qui mériteraient notre solidarité, tandis que les autres mériteraient leur sort.  Cela paraît d’autant plus alarmant que la “carte des mosquées non signataires de la charte”, publiée par le fasciste et fondateur de Fdesouche Damien Rieu le 10 mars 2021, est toujours en ligne, accessible par tous sur Twitter. Si Cédric O, Secrétaire d’État à la transition numérique a su en début de semaine trouver des ressources pour contacter directement Instagram afin de faciliter la certification du compte de l’influenceuse controversée Mila, il semblerait que personne au gouvernement n’ait eu le temps de contacter Twitter France pour leur suggérer de supprimer ce tweet, alors qu’au moins un tiers des mosquées visées en 2021 se retrouvent sur cette carte. Un questionnement s’impose alors : qui est-ce qui s’enfonce de plus en plus dans le séparatisme, en excluant du contrat républicain une partie de sa population ?

France : dégradations de lieux de cultes et inscriptions islamophobes, le jeu d’équilibriste de Gérald Darmanin

Dans la nuit du 27 au 28 décembre, deux nouvelles dégradations islamophobes ont eu lieu dans des salles de prières à La Mûre et à Domène (Isère) . Au même moment, des inscriptions islamophobes dans les rues de Château-Gontier (Mayenne) ont été découvertes. Ces dégradations interviennent dans un moment où les menaces envers les lieux de culte musulmans ne font que s’accentuer.  Comme le rapporte Le Dauphiné Libéré, des fidèles de la mosquée de Domène ont surpris un homme en train de répandre sur le sol le contenu de plusieurs armoires et arracher un des radiateurs qui réchauffait les lieux durant cette période hivernale. “Il aurait ensuite écrit sur une nappe en papier des mots accusant l’imam d’endoctriner les fidèles et de les inciter à devenir terroristes” rapporte le quotidien.   Plus au nord, des inscriptions islamophobes et nazies ont été découvertes ce mardi matin dans les rues du centre-ville de Château-Gontier-sur-Mayenne. Selon France Bleu,  On pouvait y lire “ »Islam dehors », ou « Heil Hitler », inscrits à la peinture blanches sur les murs d’une dizaine de maisons du centre-ville historique de la ville ou encore des croix gammées peintes”.  Le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin s’est empressé de condamner sur Twitter les dégradations ainsi que les inscriptions islamophobes.  Les lieux de culte musulmans font l’objet de dégradations régulières depuis plusieurs années et les rapports sur l’islamophobie rappellent régulièrement cette forme de violence qui touche la communauté musulmane en France et en Europe. Si elles ont, parfois, fait l’objet de condamnations de la part des responsables politiques, les auteurs de ces agressions ont rarement été appréhendés. Pire, lorsqu’ils le sont, la condamnation est rarement assez sévère pour dissuader toute récidive.  Il est par ailleurs très inquiétant de constater que dans la période récente qui suit le débat sur le “séparatisme”, ce type d’attaques s’est accentué et surtout banalisé, en particulier depuis que des groupes extrémistes et néonazis ciblent, dans leurs communications, les mosquées qui n’ont pas signé la “charte des principes de l’islam” que veut imposer Gérald Darmanin pour réformer “l’islam de France” et reconquérir les “territoires perdus de la République”. En effet, lorsqu’on observe l’enchaînement de cette stigmatisation incessante, on se rend compte rapidement de la violence qu’elle génère, notamment auprès d’une extrême droite qui va saluer d’une part les mesures de la loi séparatisme et en même temps critiquer le gouvernement pour son manque d’action. Le résultat se transforme rapidement en violence physique : les groupes identitaires ou néonazis qui se croient investis d’une mission de reconquête s’attribuent la responsabilité de l’action contre ces “mosquées séparatistes” et n’hésitent plus, maintenant qu’ils ont l’aval idéologique du chef de la police, à passer à l’acte.  Dès lors, la responsabilité du ministre de l’Intérieur – censé protéger ces lieux de culte – est immense. Et au lieu d’apporter son soutien “aux musulmans” uniquement comme il le fait dans son tweet, il devrait se rendre compte qu’attaquer une mosquée, de quelque manière que ce soit, tout comme attaquer n’importe quel lieu de culte, c’est s’attaquer à la liberté de conscience en France.

Ayah Galal, nouvelle présentatrice du journal TV dans le Connecticut

Dans un monde idéal où la liberté religieuse ne serait pas considérée comme une entrave à la « neutralité » journalistique et où les gens seraient considérés en fonction de leurs compétences, l’info serait banale. Mais dans le contexte que nous connaissons, il est important de relever l’annonce faite par la journaliste Ayah Galal, qui a présenté son premier journal télévisé ce samedi 25 décembre sur la chaîne américaine WFSB (Connecticut). Today was my first time anchoring at @WFSBnews and this marks the first time a woman in hijab has anchored in Connecticut! 🧕🏽🎥📺 Excited for this personal and professional milestone. Wishing a safe and happy Holidays to all! ❤️ pic.twitter.com/FPL7cfTvqI — Ayah Galal (@ayahgalal) December 25, 2021 Comme l’on noté plusieurs médias américains, Ayah Galal est la première femme portant un foulard à présenter le journal au Connecticut. Une mission que la journaliste, diplômée en journalisme et en sciences politiques, est fière de porter : « c’est un véritable honneur pour moi de pouvoir partager des récits dans l’Etat où je vis ». Ayah Galal a débuté en 2018 dans les coulisses de la chaîne puis a suivi un parcours professionnel qui l’a conduit au poste qu’elle occupe aujourd’hui et qu’elle pensait au départ impensable pour une personne portant un foulard. Selon le CT Insider, Ayah Galal a en effet confié avoir eu beaucoup de doutes sur son ambition, notamment en raison de la mauvaise représentation des musulmans dans les médias. Elle a pu compter sur le soutien de ses collègues « qui l’ont encouragée tout au long », ce qui lui permet aujourd’hui de contribuer positivement à la représentativité des musulmans dans l’espace audiovisuel et d’espérer pour les jeunes générations d’être fiers de leur différence.  Bien qu’elle ait reçu beaucoup de messages islamophobes offusqués de sa présence à l’antenne, Ayah Galal témoigne qu’elle a reçu beaucoup plus de messages positifs et de soutiens.

The Collectif Contre l'Islamophobie en Europe is a non-profit association based in Belgium.

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