Au titre de l’impératif de protection du public lors de la tenue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui se sont tenus du 26 juillet au 8 septembre 2024, le ministère de l’Intérieur a mis en place un arsenal sécuritaire d’ampleur inédite en France contemporaine. Cette vague répressive, qui fait suite à plusieurs années d’extension de la législation antiterroriste et de l’incorporation des dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun, a conduit à une série de mesures explicitement liberticides, en apparence destinées à prévenir toute menace à l’encontre des biens et des personnes, en pratique formant un continuum avec la trame de la lutte contre la radicalisation et le séparatisme islamiste.
À compter du mois d’avril 2024, le ministère de l’Intérieur a ainsi émis une série de « mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance » (MICAS). Celles-ci consistent en des mesures de privation de liberté, notamment par l’assignation à résidence d’individus considérés comme suspects, en conjonction avec la mise en œuvre de milliers d’enquêtes administratives et de visites domiciliaires. Parmi les personnes ciblées, des individus fichés S, des militants de l’ultragauche ou de l’ultradroite, mais également des personnes en situation administrative précaire ou simplement appartenant à des sphères professionnelles réputées sensibles. Cette diversité des profils atteints par les MICAS ne peut néanmoins masquer la réalité d’une politique visant essentiellement des personnes de confession musulmane, qui constituent ainsi l’essentiel des personnes concernées, ciblées sur le fondement de motifs inconsistants et douteux, parfois totalement fantaisistes.