Signer la pétition Face à l’incertitude croissante quant à la composition du prochain gouvernement, aux manœuvres politiciennes et aux tentatives d’alliances et de division, le CCIE rappelle le choix exprimé massivement par les Françaises et les Français lors des récentes élections législatives : un choix en faveur de la solidarité, de l’égalité et de la justice sociale. Cette pétition est un appel à faire entendre les voix de ceux qui redoutent qu’on les trahisse, notamment les quartiers populaires et les personnes issues de l’immigration post-coloniale. Contre la précarité économique, contre le racisme et les discriminations systémiques, et pour les droits des Palestiniens, rappelons les promesses qui doivent être tenues. Trois jours après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron a enfin pris la parole en adressant aux Français un courrier dans lequel il souligne que « personne ne l’a emporté ». Aucune force politique n’ayant obtenu seule de majorité suffisante, les blocs formés sont destinés à demeurer minoritaires. La lettre insiste sur la nécessité de former un front républicain, après un temps de réflexion permettant aux forces politiques de construire des compromis avec « sérénité et respect de chacun ». Cette déclaration apparaît comme un déni évident de la réalité politique actuelle. Contre toute attente, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête, obtenant 182 sièges de députés, contre 168 pour les forces macronistes et 143 pour l’extrême-droite, que l’on imaginait pourtant déjà aux portes du pouvoir. Ces résultats reflètent un message clair de la majorité des Français : un rejet à la fois de la politique brutale et autoritaire du camp présidentiel et de la politique fasciste du Front national. Malgré cette victoire manifeste des forces de gauche, il n’est en aucun cas question pour Emmanuel Macron de faire appel à un gouvernement – y compris de compromis – faisant place aux luttes pour la justice sociale et climatique et contre les inégalités de tout genre qui mettent en danger le vivre-ensemble au sein de la société française. À ce titre, il faut rappeler également à quel point la mobilisation des quartiers populaires lors de ces élections a joué un rôle décisif pour contrer la menace de l’extrême-droite. Contre les thèses pyromanes et racistes portées par le gouvernement français (souvenons-nous de Gérald Darmanin se réjouissant de l’absence des « blédards » au second tour de l’élection au cœur de l’été), les franges de la société issues de l’immigration postcoloniale et ouvrière ont ainsi su faire preuve d’un remarquable esprit civique face au danger fasciste. Les quartiers populaires ont ainsi fait montre d’un surcroît de moralité et justesse politique que de larges parties de la bourgeoisie française n’a pas su manifester, échouant ainsi à se mobiliser contre la possibilité du fascisme. Les quartiers populaires, qui ont ainsi massivement contribué au succès électoral de la gauche, ne doivent donc pas être les laissés-pour-compte de ce nouveau chapitre politique. Ils ont pleinement le droit d’exiger que leurs voix soient entendues par-delà le brouhaha des négociations actuelles et que leurs attentes soient pleinement prises en compte. Ces espoirs expriment ainsi leur attachement aux idéaux de justice sociale et d’égalité : Nous appelons toutes et tous à rester vigilants et exigeants. Terrifié par l’insignifiance politique à laquelle il est voué, le chef de l’État cherche à gagner du temps, espérant affaiblir la dynamique actuelle. Mais la société française ne peut se permettre de nouveaux atermoiements. Par-delà la cacophonie des apparatchiks de la politique partisane, une proposition de justice sociale, d’égalité et de respect des droits humains doit être formulée et entendue. Ne laissons pas cette occasion se transformer en une déception pour celles et ceux qui ont mis leur espoir dans un changement authentique. Cette fenêtre d’opportunité sera peut-être la dernière qui nous sera donnée avant la catastrophe. Signer la pétition
Les résultats du second tour des élections législatives en France de juillet 2024 sont une éclaircie inattendue dans la chronique de la prise de pouvoir de l’extrême-droite. Ce succès des forces coalisées de la gauche démontre que la marche triomphale des courants nationalistes et réactionnaires n’a rien d’inéluctable, qu’une proposition de justice sociale peut faire reculer les affects racistes à l’œuvre au sein des sociétés européennes. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) joint sa voix à ceux et celles qui se réjouissent de la victoire du Nouveau Front populaire. La stratégie du choc promue par le chef de l’État, dont l’effet attendu était d’offrir le pouvoir au Front national, n’a pas fonctionné, la société française a démontré qu’un autre futur était possible, fondé sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Cependant, ces mots sont destinés à demeurer vains si la gauche, qui sera peut-être au pouvoir à compter des jours prochains, ne défait pas le nœud de l’islamophobie dans lequel est prise la société française. Le CCIE ne peut faire semblant d’oublier que les forces de gauche triomphantes aujourd’hui n’ont que peu combattu la succession des mesures infligées aux communautés musulmanes de France tout au long des dernières années. Les dissolutions d’organisations issues de la société civile, la loi séparatisme, la focalisation du débat public sur chaque pratique des musulmanes et des musulmans (existe-t-il une communauté dont l’humiliation quotidienne constitue à ce point un sport national ?), les perquisitions administratives… En France, la criminalisation des individus, y compris des enfants, et des organisations collectives peut être conduite sans que nul contre-pouvoir n’entre en action. Cette trame politique est la condition nécessaire de l’accession au pouvoir de l’extrême-droite, laquelle est seule à proposer la solution au « problème musulman »que d’autres ont construit pour elle. Souvent indifférente au sort des musulmans et des musulmanes tout au long des dernières années en France et parfois même partie prenante de la surenchère, la gauche a une responsabilité morale qu’elle ne peut fuir aujourd’hui, à l’heure de son triomphe. Cette responsabilité se double d’une nécessité politique : sans apaisement de la nation par le tissage de nouveaux liens entre les groupes sociaux qui la composent, sans reflux de la frénésie islamophobe (c’est-à-dire d’abord par l’abolition des mesures décidées par la présidence Macron), on peut craindre que le recul des forces nationalistes et réactionnaires ne soit qu’une brève embellie. Mettre un terme à l’islamophobie comme politique de gouvernement n’est pas qu’un devoir moral de la gauche, elle n’est pas seulement un geste d’amitié civique envers les musulmans et les musulmanes de France, mais une manière d’expurger la société des affects les plus dangereux qui y prennent forme. Il en va de notre salut à toutes et tous.
L’Autriche et la France sont les deux pays où ces formations politiques sont arrivées en tête. Au lendemain des élections européennes qui renouvellent le Parlement pour les cinq années à venir, la poussée attendue des partis d’extrême droite s’est confirmée. Alors que l’Europe fête les 80 ans du débarquement des troupes alliées contre l’occupation nazie, le spectre fasciste menace de débarquer en force sur le Parlement. Sur les 58 députés constituant le groupe « Identités et Démocratie » rassemblant les partis d’extrême droite européens, plus de la moitié seront issus du RN francais. Un choc pour un des pays fondateurs de l’UE et dont le président Emmanuel Macron avait été élu pour lui faire barrage. Ce dernier a d’ailleurs annoncé, dans la foulée des annonces des résultats, la dissolution de l’Assemblée nationale française, risquant d’accorder une majorité aux député(e)s RN et de nommer pour la première fois de l’histoire de France, un Premier ministre d’extrême droite. Du côté de la Belgique, les partis d’extrême-droite anti-immigration Vlaams Belang et la Nouvelle alliance flamande (N-VA) sont également arrivés en force, allant jusqu’à provoquer la démission du Premier ministre Alexander De Croo, dont le groupe a obtenu 7% des votes exprimés. Le statu quo est préservé au Parlement européen, avec le groupe majoritaire des Démocrates-Chrétiens de l’Allemande Ursula von der Leyen, ce qui signe sa réélection à la tête de la Commission européenne. Le CCIE constate que ce qu’il a toujours dénoncé, se confirme : appliquer les politiques racistes d’extrême droite n’a pour conséquence que de les renforcer. Seule une politique antiraciste, inclusive et fraternelle renforcera la cohésion nationale face au fascisme qui menace les sociétés européennes. Les résultats des élections européennes permettent au RN de se renforcer au Parlement européen sans toutefois remettre en cause les équilibres de pouvoirs au sein de l’institution. S’il obtenait le même résultat le soir du 7 juillet prochain, le sort de la France et de l’Europe provoquerait une situation sans précédent.
Le 28 février dernier, un grave incident a eu lieu au lycée Maurice Ravel dans le XXème arrondissement de Paris entre une lycéenne et le proviseur à la sortie de l’établissement, alors que la lycéenne se préparait à revêtir son foulard à la sortie du lycée en enfilant d’abord un sous-bonnet. Interrompue par le proviseur qui lui somme de l’enlever, elle reçoit un coup au bras avant de pouvoir le faire. Elle porte plainte contre le proviseur qui devient alors, selon plusieurs médias français, la cible de menaces de mort sur Internet, qui ont à leur tour conduit à la démission de celui-ci. Les médias s’emparent alors de l’affaire et mettent en scène une prétendue « victoire de l’islamisme », dont le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) aurait ainsi été l’agent en publiant une vidéo où l’élève témoigne de son vécu. Retrouvez l’intégralité de notre communiqué de presse ci-dessous.
À l’heure de l’appropriation de la lutte contre l’antisémitisme par l’extrême droite à des fins explicitement islamophobes, le collectif Lignes de Crêtes et le Collectif contre l’Islamophobie en Europe (CCIE) expriment leur colère et leur inquiétude. Nous refusons collectivement que la marche dite contre l’antisémitisme prévue le 10 décembre à Bruxelles avec l’appui de l’extrême-droite islamophobe ne soit l’occasion d’une énième prise d’otage de la lutte contre l’antisémitisme par les forces les plus réactionnaires et les plus nationalistes de la société […]. Lire l’intégralité du communiqué
La diffusion par BFMTV et CNEWS de vidéos Tiktok de jeunes lycéen.ne.s en tenues décrites comme religieuses a récemment renforcé la thèse sensationnaliste d’une « offensive islamiste à l’école ». Les auteurs de ces vidéos ont ainsi été accusé.e.s dans la presse écrite et lors de débats télévisés d’encourager le port de tenues religieuses dans les lycées, d’appeler à la provocation, voire de faire pression sur le personnel pédagogique. Face à cet emballement, le CCIE tient à apporter sa connaissance des faits afin de mettre ces vidéos en perspective. Les vidéos, extraites de leurs contextes, diffusées à la télévision sans l’autorisation des personnes concernées et insuffisamment anonymisées, ont de fait exposé ces personnes mineures à un risque évident de harcèlement, de façon absolument irresponsable. Certaines des personnes concernées ou leurs familles se sont tournées vers le CCIE pour faire part de leur désarroi quant à cette exposition médiatique. Une vidéo Tiktok diffusée par CNEWS pour illustrer “les atteintes à la laïcité dans l’enseignement” montre ainsi un jeune lycéen en qamis au lycée avec ses amis, sans indiquer que cette tenue était portée à l’occasion d’une journée déguisée organisée un an plus tôt, et qu’elle n’a alors provoqué aucun problème pour le personnel éducatif. Le jeune homme étant facilement reconnaissable malgré le floutage de son visage, sa famille redoute les conséquences que la diffusion de ces images aura pour son avenir. De la même façon, une lycéenne ayant tourné une vidéo sur un ton humoristique en se montrant en capuche avec la légende “méthode pour camoufler ses cheveux au lycée” a reçu la nouvelle par ses amies que sa vidéo avait été diffusée par CNEWS pour dénoncer le prosélytisme au lycée. La lycéenne n’avait pourtant mis cette capuche que l’espace d’une seconde pour réaliser le Tiktok, tout en précisant dans les commentaires que cela n’était pas permis au lycée. Si son visage est alors flouté, il est là encore aisé de l’identifier puisqu’il suffit de taper dans la barre de recherche la légende qui accompagne la vidéo pour retrouver son compte. Elle est depuis la cible d’un harcèlement caractérisé sur les réseaux sociaux et au sein de son lycée. Sa mère craint un déferlement de haine à son encontre et déplore que “l’on ait fait passé sa fille de 17 ans pour une intégriste”. Ce traitement médiatique criminalise de simples jeux d’adolescents, qui expérimentent, exagèrent, s’amusent, etc. – comme il est tout à fait ordinaire à leur âge. Il ne s’agit de surcroît que de quelques vidéos isolées et spécifiquement sélectionnées, et non d’un phénomène massif comme cela est suggéré. Cibler ces adolescents au lieu de les défendre face aux injustices dont ils sont victimes, c’est les rendre responsables de polémiques qui les dépassent largement, créées dans un climat de surenchère médiatique et politique quant aux dangers de “l’islamisme”. C’est aussi occulter le véritable problème. La vraie dérive est celle qui se fait voir à travers les récits de nombreux élèves recueillis par le CCIE lors de cette rentrée scolaire : lorsque des surveillants, des professeurs ou des proviseurs harcèlent, humilient et insultent les élèves du fait de leurs tenues vestimentaires, lorsqu’ils leur font vivre de véritables interrogatoires au sujet de leurs croyances religieuses, lorsqu’ils les obligent à choisir entre se dévêtir ou manquer des heures de cours, ce sont les valeurs de l’école et les droits des élèves qui sont bafoués. Le CCIE réaffirme son soutien à toutes celles et tous ceux qui sont victimes de telles discriminations.
La loi « séparatisme » s’applique de nouveau à des fins liberticides. Après la dissolution d’associations, la fermeture de mosquées, le limogeage d’imams, l’interdiction de maisons d’édition, le gouvernement français bascule encore plus bas dans l’indignité et la remise en question de l’État de droit. L’arrêté d’expulsion visant l’imam Hassan Iquioussen réunit tous les paramètres de ce dispositif d’entrave qui met au pas les musulmans de France. La menace d’expulsion visant M. Iquioussen remonte en réalité au début des années 2000. Aujourd’hui, elle est rendue possible grâce à la loi sur le séparatisme et son application par le ministre Gérald Darmanin, qui est parvenu à mener jusqu’au bout les lois islamophobes entamées par ses prédécesseurs. Nous avons désormais la preuve empirique qu’en France, au moins depuis 2004, lorsque la loi interdit l’islamophobie, on change la loi. Dès lors, les mesures initialement prévues pour lutter contre le terrorisme sont aujourd’hui des mesures pour intimider et soumettre toute une communauté au détriment des libertés fondamentales dans un État de droit. Il nous semble évident que ce qui est recherché par cet arrêté, c’est l’humiliation de M. Iquioussen, de sa famille et de manière générale les personnes de confession musulmane qui s’interrogent de plus en plus sur leur liberté religieuse en France. Dans le silence assourdissant des prétendus défenseurs de la liberté d’expression, la France sombre de plus en plus dans la logique du délit d’opinion, qui caractérise les régimes autoritaires. Le CCIE exprime son soutien à Hassan Iquioussen ainsi qu’à sa famille. Pour signer la pétition, cliquez ici. Pour exprimer votre soutien : soutien.hi@gmail.com
Depuis la mise en ligne de notre page Facebook, plusieurs médias, français et belges, ont annoncé que le CCIF, auto-dissout en France le 29 octobre puis dissout par le Conseil des ministre français le 2 décembre 2020, s’était « reconstitué en Belgique ». Cela est faux : le CCIF n’existe plus. Ses actifs et ce qui constitue sa propriété intellectuelle ont été cédés à des associations, dont le CCIE, juste après l’auto-dissolution. Malgré les nombreux faits établis ces derniers mois, persistent des contre-vérités à propos de cette association, et notamment l’idée que le CCIF aurait été « manifestement impliqué » dans l’assassinat du professeur Samuel Paty. Les médias français — comme Le Monde ou Libération — qui ont enquêté pour savoir si le CCIF était impliqué ont pu se rendre compte qu’il n’y a eu absolument aucune action ou communication de la part de l’association sur ce dossier. Dès lors, prétendre que le CCIF aurait été impliqué dans l’attentat (ou même dans la campagne contre Samuel Paty) est hautement diffamatoire et grave ; cette accusation a d’ailleurs donné lieu à de nombreuses menaces de mort adressées aux équipes de l’association, dont la sécurité physique était en danger en France. Le 27 octobre, dans le quotidien Libération, M. Gérald Darmanin a fait marche arrière et a reconnu que le CCIF n’avait aucun lien avec la campagne contre le professeur Samuel Paty, tout en faisant part de sa détermination à dissoudre l’association. Le CCIF était une organisation pacifique et aucun de ses membres n’ayant fait l’objet d’une condamnation, le gouvernement français, par l’intermédiaire de son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est passé par la voie administrative pour la dissoudre. Cette dissolution arbitraire, que l’avocat du CCIF a contestée auprès du Conseil d’État, a heurté plusieurs grandes organisations historiques, comme Amnesty International, qui y a vu une atteinte à la liberté d’association, la Ligue des Droits de l’Homme, qui l’a qualifiée de « dissolution politique » ou comme Human Rights Watch, qui l’a inscrite dans une « dérive sécuritaire » qui met en danger les libertés. Le CCIE est une nouvelle association, une asbl belge qui fonctionnera de manière différente du CCIF, notamment parce qu’elle va s’orienter sur l’observation et l’analyse du phénomène d’islamophobie à l’échelle européenne. Naturellement, notre choix s’est dirigé vers Bruxelles, capitale de l’Europe et espace de rencontres et d’échanges des organisations non gouvernementales européennes. En cela, le CCIE n’est pas une reconstitution du CCIF. Il récupère uniquement les productions et les moyens de communication cédés par le CCIF lors de son auto-dissolution. L’équipe du CCIE