Non classé

Discours inquiétants du gouvernement Barnier : Islamophobie en hausse ?

Le nouveau gouvernement de Michel Barnier est en place depuis plus d’un mois, et les propos de certains ministres suscitent déjà l’inquiétude. Le CCIE met en lumière les déclarations de certains d’entre eux, qui rappellent une rhétorique d’extrême-droite… Ces prises de position sont-elles le reflet d’une montée de l’islamophobie en France ?

Témoignage | Perquisition pour soupçon de radicalisation… à cause d’une tache sur le front !

Fatima nous partage son récit sur l’une des perquisitions administratives menées dans le cadre des JO, simplement parce que son mari a une tache sur le front. Avec 155 mesures administratives prononcées par Gérald Darmanin, dont 134 visites domiciliaires, des familles comme celle de Fatima vivent aujourd’hui des situations traumatisantes. Découvrez son témoignage et la réalité de ces interventions.

Émeutes racistes et islamophobes au Royaume-Uni. La mécanique grossière de la rumeur

         Les émeutes racistes et islamophobes qui ont fait couler tant d’encre au Royaume-Uni et dans le monde sont saisissantes. Quiconque est lucide quant à l’engrenage semble-t-il implacable entraînant les sociétés européennes au bord du précipice ne peut cependant être surpris quant à ses émeutes. Elles ne sont que l’aboutissement en bout de chaîne d’un processus sociohistorique aussi limpide que prévisible.          En surface, l’engrenage se présente comme suit. Un crime atroce est commis. Son auteur n’est pas encore connu, mais des voix assurées ont tôt fait d’accuser l’étranger, le musulman, le fourbe ennemi qui corrompt la société de l’intérieur. Qu’importe que l’identité finalement révélée du meurtrier ne corrobore en rien la rumeur, qu’il soit né au Royaume-Uni de parents chrétiens, que tous ceux qui l’ont connu l’ont décrit comme parfaitement intégré, sans que cela n’empêche en rien le passage à l’acte violent. La mécanique qui s’est enclenchée est déjà autonome de tout fondement, de toute justification. Les commerces brûlent, des barrages sont établis, ne laissant passer que les Blancs, lynchant les autres, mosquées et cimetières musulmans sont attaqués, en plus des innombrables propriétés privées de ceux que la rumeur a accusés.          De nombreuses thèses de sociologie et d’anthropologie seront nécessaires pour nous renseigner quant à la sauvagerie qui s’est déchaînée au Royaume-Uni. Il est de grande nécessité d’expliquer la barbarie raciste, et de tenter de la conjurer en se donnant des prises réflexives quant à l’engrenage sociohistorique qui y aboutit. À ce titre, une piste parait offerte par l’usage correct de la notion de décivilisation proposée par Norbert Elias à l’examen de la barbarie nazie. Selon ce sociologue, la décivilisation n’est pas l’inverse du procès de civilisation ; elle est en un contrecoup pathologique, figuré par le détachement généralisé à l’égard des règles communes de comportement. Ces règles ne sont pourtant pas méconnues des acteurs, ils font le choix de les mépriser. Cet effondrement civilisationnel n’a rien de spontané, il ne se produit qu’à la condition de la diffusion au sein de la société entière d’affects brutaux, de comportements vulgaires, de mensonges éhontés. Selon Norbert Elias, la source historique de ces maux sociaux est à rechercher parmi les élites politiques, économiques et médiatiques qui, dans les sociétés modernes, offrent (du fait des aspirations à l’ascension sociale que chacun et chacune éprouve) un puissant modèle de comportement. Or, la leçon d’Elias est sans appel : l’inconséquence de la bourgeoisie aboutit au pire, ce dont convainc la violence féroce qui éclate aujourd’hui au grand jour. Au sein du débat public francophone, la barbarie raciste est pourtant reçue avec une singulière mansuétude. Telle sociologue française d’importance redira que la décivilisation britannique signe la fin du modèle multiculturel. Tel média conservateur mais désormais central au sein du débat public français sera plus explicite encore, affirmant que les émeutes islamophobes manifestent le problème musulman des sociétés européennes, inversant ainsi les victimes et leurs bourreaux. À nouveau, rien d’étonnant ne se découvre à la lumière des émeutes racistes qui ont secoué le Royaume-Uni. On y retrouve ainsi les symptômes de la crise longue dans laquelle sont plongées les sociétés européennes en proie aux plus inquiétantes pathologies collectives. C’est par la propagation généralisée de la brutalité et du mensonge que la décivilisation advient, et avec elle les violences les plus graves. Aussi le Collectif contre l’islamophobie en Europe appelle-t-il à un surcroît de réflexivité. La pente qui mène à la catastrophe n’a rien d’inéluctable. Pour être renversée, elle requiert néanmoins le courage des forces vives de nos sociétés.

Le CCIE se constituera partie civile au procès de Dole

En tant qu’organisation de défense des droits humains et de lutte contre le racisme et l’islamophobie, le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe a décidé de se constituer partie civile dans le procès contre l’homme qui a percuté M. Adil Sefrioui, le 21 avril 2021 à Dole, en France.  Au-delà de la violence meurtrière de cet acte, le CCIE souhaite mettre en lumière la minimisation qui a été faite de ce racisme ainsi que le contexte qui a rendu possible cette tentative de meurtre justifiée par des propos racistes que l’on croyait révolus (bicot, etc.) Comme si le racisme antiarabe ou antimusulman était moins grave qu’un autre type de racisme, les réactions médiatiques et politiques qui ont suivi cet acte ont été sensiblement moins fermes que ce qu’on pouvait attendre, alors que le climat actuel en France porte une responsabilité manifeste : mesures liberticides et islamophobes proposées par le gouvernement, radicalisées par le Sénat, libération de la parole islamophobe dans certains médias (Valeurs actuelles, Le Figaro, etc.) et groupuscules identitaires (Génération identitaire, Printemps républicain, etc.), menaces contre les lieux de culte musulman, etc. Penser qu’il n’y a aucun lien entre l’acte raciste et la construction du problème musulman en France, c’est refuser de voir la réalité politique et sociologique de la banalisation de la haine contre les musulmans. L’actualité juridique montre qu’il y a encore du travail : alors que des identitaires voient leur condamnations confirmées (Catherine Blein et Christine Tasin condamnées pour apologie du terrorisme), un non-lieu est rendu dans le procès de l’attentat terroriste de Bayonne, alors que l’on est en droit de savoir si la responsabilité dépasse la seule action du terroriste décédé en prison. C’est dans le but de questionner les responsabilités et les idéologies racistes qui sont à l’œuvre dans cette tentative de meurtre qu’il importe pour le CCIE de se porter partie civile dans le procès de Dole.

Le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe est une association sans but lucratif basée en Belgique.

Contact

Boulevard de l'Empereur 10, 1000 BRUXELLES

Soutenir

Afin de garantir une action pérenne, il est important de s’engager sur la durée et d’ajouter votre voix à celles et ceux qui adhèrent au CCIE !

© Copyright 2024 CCIE