En Iran comme en France, les femmes sont plus que leurs vêtements

Face à l’élan de solidarité français pour les femmes iraniennes, le CCIE réaffirme le principe du respect de la liberté des femmes, partout dans le monde.

L’émoi est intense dans le monde entier suite aux manifestations en Iran provoquées par la mort de la jeune Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs parce que son foulard a été jugé incorrectement porté. Les images d’une répression iranienne d’une rare violence et celles de la témérité des manifestantes risquant leur vie ont suscité un élan de solidarité sans précédent envers les femmes iraniennes.

Si le courage de ces femmes, dont certaines ne sont encore que des écolières, a touché le monde entier, l’actualité iranienne a un écho particulier en Europe et plus spécifiquement en France. L’argument de la condition des femmes en Iran ou dans d’autres pays musulmans est depuis longtemps utilisé pour disqualifier le souhait des femmes de porter le voile. Les images de jeunes femmes iraniennes ôtant leur voile et le brandissant en signe de protestation, réactive puissamment cet argument aujourd’hui.

Dès lors, un parallèle semble s’imposer dans le débat public entre le courage des femmes iraniennes osant enlever leur voile et l’asservissement présumé des femmes françaises souhaitant le porter : selon cette rhétorique, il serait hypocrite d’être solidaires des unes et de défendre les autres. À ceux qui voient une contradiction à défendre les femmes qui ne souhaitent pas le porter en Iran en même temps que celles qui souhaitent le porter en France, le CCIE entend rappeler le principe fondamental du respect de la liberté des femmes et de leurs choix personnels, quels qu’ils soient. Certaines des voix qui s’élèvent pour féliciter la révolte des iraniennes cachent mal le raisonnement simpliste et islamophobe qui les sous-tend : enlever le voile serait en soi un symbole de liberté, le porter serait en soi un symbole d’oppression. Face à cette schématisation grossière, l’emphase doit être portée sur l’immense pluralité des trajectoires et des conditions des femmes qui font le choix de porter ou d’ôter le voile, en France comme en Iran.

Quiconque est touché par le sort des femmes iraniennes doit également considérer celui de toutes les femmes réduites à leur apparence physique et à leur façon de se vêtir, en France et partout ailleurs dans le monde. Le CCIE appelle ainsi à considérer la situation des femmes musulmanes choisissant de porter le voile en France et les difficultés qui précarisent leurs vies : les discriminations qu’elles subissent lourdement à l’emploi, au logement, dans les administrations, à l’éducation, mais aussi les insultes et les agressions physiques dont elles font régulièrement l’objet et qui ont parfois des conséquences mortelles. Marwa El-Sherbini, tuée de plusieurs coups de couteau sous les yeux de son enfant de 3 ans à Dresde est une de ces victimes de la haine contre les femmes portant le voile en Europe. 

Qu’elles choisissent de porter le voile ou qu’elles choisissent de l’enlever, aucune femme ne peut être réduite à son habillement. Il est inacceptable qu’une femme s’expose à la possibilité de répercussions mortelles du fait de ses simples choix vestimentaires. Le principe de la liberté d’agir, de se vêtir, et de pratiquer leur religion comme elles l’entendent doit être défendu partout dans le monde. Le CCIE réitère ainsi un principe simple : le respect dû aux femmes n’a pas de condition.

Le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe est une association sans but lucratif basée en Belgique.

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