Soupçonné de radicalisation, un pilote de ligne de la compagnie aérienne Air France a été empêché de voler depuis plus de trois mois, rapporte, le journal « Le Parisien ». Un arrêté conjoint de la préfecture de police de Paris et de Loire-Atlantique avait décidé de lui retirer son habilitation à accéder aux zones de sûreté réglementées des aérodromes. Après avoir saisi le tribunal administratif de Montreuil, celui-ci lui donne gain de cause. Il peut donc exercer de nouveau.
On avait reproché au pilote de 35 ans sa proximité avec un ancien collègue d’Air Algérie « connu pour sa pratique rigoriste de l’islam ». « Très proches, les deux hommes partagent les mêmes convictions rigoristes et contraires aux valeurs de la République. Monsieur X entretient également des relations avec des individus connus comme appartenant ou étant proches de la mouvance islamiste radicale », précise l’arrêté.
Ces accusations proviennent d’une « note blanche » (document écrit mais non signé) des services de renseignement, qui avance des faits non étayés selon le juge administratif . Elle indique que le pilote respectait ses heures de prières « y compris pendant un vol », ainsi que le jeûne du mois du Ramadan, au mépris des règles de sécurité aérienne imposées au personnel navigant. Des accusations que le pilote réfute totalement. Les autorités préfectorales ont de même signalé sa fréquentation de la mosquée de Tremblay-en-France (Région parisienne) ainsi que d’une mosquée du Xe arrondissement de Paris. Des arguments trop faibles, selon le tribunal, qui considère, à juste titre, que la seule fréquentation de ces lieux ne suffisait pas à qualifier le pilote comme extrémiste.
Par ailleurs, et contrairement à ce que soutenait la préfecture, aucun collègue n’a jamais demandé à ne pas voler avec lui. “Il ressort de l’ensemble de ces documents que Monsieur X a entretenu avec l’ensemble des personnels navigant de la compagnie aérienne, qui l’emploie depuis 2018, des relations professionnelles cordiales et appropriées aux responsabilités qui lui sont confiées et n’a pas hésité à prendre part, au cours d’escales, aux rencontres conviviales organisées dans des bars ou des restaurants par les équipages », relève l’ordonnance rendue ce jeudi.
Selon son avocat, l’accusé aurait donc été “victime d’une dénonciation calomnieuse” dans un contexte où il avait réussi la sélection pour intégrer Air France.
Le pilote récupère donc son habilitation d’accès et pourra à nouveau exercer son métier. Mais son cas de suspension n’est pas unique au sein de la compagnie aérienne Air France. Suite aux attentats de novembre 2015, 73 accréditations d’agents fichés S ont été retirées, sur la base de soupçons de radicalisation. Les aéroports demeurent des lieux sensibles à protéger mais les discriminations récurrentes envers les employés en raison de leur religion n’apportent aucune sécurité particulière.