Emira* est employée dans une société de réinsertion professionnelle. A ce titre, elle exerce en tant qu’animatrice dans une école primaire publique. Sa mission consiste à accompagner et surveiller les enfants pendant les heures de cantine et de pause. Durant le premier mois de sa prise de fonction, son turban est accepté et ne fait l’objet d’aucune remarque, ni de la part de ses employeurs ni de la part des responsables de l’établissement scolaire. Elle est par ailleurs très appréciée des enfants, qui ne font aucune observation concernant son turban. C’est au cours du deuxième mois qu’Emira est interpellée par sa supérieure, qui lui explique qu’elle ne doit plus porter son turban, invoquant le principe de neutralité à l’école. Cette remarque est arrivée quelques jours après l’intervention exceptionnelle d’Emira dans un autre établissement scolaire. Surprise, Emira ne comprend pas le changement d’attitude de ses supérieurs, qui ne lui avaient jusqu’alors adressé aucune observation concernant le port de son turban. D’ailleurs, ils reconnaissent eux-mêmes être indifférent au fait qu’elle porte le turban, mais qu’ils subissent des pressions. De qui ? En tout état de cause, ces personnes ont fini par convaincre la société dans laquelle Emira travaille de se débarrasser d’elle. « En revanche vous pouvez travailler dans le ménage à l’école, mais pas animatrice ». Voilà la phrase qui a été adressée à Emira qui, indignée, décide de contacter le CCIE. En charge de ce dossier, le CCIE lui apportera l’aide, le soutien et les conseils dans cette affaire. C’est grâce à votre soutien que le CCIE peut venir en aide à toutes celles qui comme Emira tentent de vivre leur foi de manière apaisée, dans une société de plus en plus rongée par les thèses d’extrême droite. Pour les autres femmes qui sont privées de leurs droits, Emira adresse ce message : « Surtout, ne pas s’avouer vaincu ! Si la loi nous permet de garder notre foulard dans des métiers autres que le ménage, alors allons-y ! » *Le prénom a été modifié
Yasmine*, étudiante portant le foulard, vient d’intégrer à la rentrée scolaire 2021 un institut de formation en soins infirmiers. Dès la réunion de rentrée, la direction de l’établissement de santé – dans lequel les étudiants exercent – leur annonce l’application du principe de neutralité au sein du réfectoire. Les étudiantes portant le foulard devront donc le retirer pour manger ! Les syndicats ont pris connaissance des faits et ont été scandalisés d’apprendre ces nouvelles mesures. Les étudiantes voilées seraient en effet les seules concernées par cette interdiction. Considérant que cette décision était discriminatoire, les syndicats ont entrepris des démarches auprès des responsables. Mais l’établissement de santé a refusé de les entendre et a même renforcé ses prises de position discriminatoires, jouant sur le statut des étudiantes, considérant ces dernières comme stagiaires. Jusqu’à ce jour, les étudiantes portant le foulard n’ont pas le droit de déjeuner au réfectoire avec le reste de leurs camarades. Elles n’ont d’autres choix que de se rabattre sur des micro-ondes qu’a bien voulu leur mettre à disposition leur établissement pour réchauffer leurs plats. Cette situation reste pénible pour elles, leur rajoutant une charge supplémentaire pour s’occuper de leur repas. Désespérée, Yasmine s’est donc tournée vers le CCIE, pour en savoir plus sur ses droits en tant qu’étudiante. Aujourd’hui, le CCIE est en contact avec ces étudiantes pour suivre leur dossier et leur apporter conseil. Pour les étudiantes qui sont dans la même situation que Yasmine, elle adresse ce message : « N’hésitez pas à en parler autour de vous, et n’oubliez pas que vous n’êtes jamais seul(e)s ! » *Le prénom a été modifié
Cette première rencontre a fait l’objet d’une intervention de Maître Sefen Guez Guez, avocat au barreau de Nice, qui a une longue et riche expérience sur les problématiques en lien avec les mesures dites « antiterroristes » qui ont stigmatisé, notamment depuis 2015, un grand nombre de familles musulmanes. Il est intervenu sur des questions qui ont bouleversé de nombreuses personnes suite à des licenciements abusifs, perquisitions et fermetures administratives. [fvplayer id= »7″]
En tant qu’organisation de défense des droits humains et de lutte contre le racisme et l’islamophobie, le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe a décidé de se constituer partie civile dans le procès contre l’homme qui a percuté M. Adil Sefrioui, le 21 avril 2021 à Dole, en France. Au-delà de la violence meurtrière de cet acte, le CCIE souhaite mettre en lumière la minimisation qui a été faite de ce racisme ainsi que le contexte qui a rendu possible cette tentative de meurtre justifiée par des propos racistes que l’on croyait révolus (bicot, etc.) Comme si le racisme antiarabe ou antimusulman était moins grave qu’un autre type de racisme, les réactions médiatiques et politiques qui ont suivi cet acte ont été sensiblement moins fermes que ce qu’on pouvait attendre, alors que le climat actuel en France porte une responsabilité manifeste : mesures liberticides et islamophobes proposées par le gouvernement, radicalisées par le Sénat, libération de la parole islamophobe dans certains médias (Valeurs actuelles, Le Figaro, etc.) et groupuscules identitaires (Génération identitaire, Printemps républicain, etc.), menaces contre les lieux de culte musulman, etc. Penser qu’il n’y a aucun lien entre l’acte raciste et la construction du problème musulman en France, c’est refuser de voir la réalité politique et sociologique de la banalisation de la haine contre les musulmans. L’actualité juridique montre qu’il y a encore du travail : alors que des identitaires voient leur condamnations confirmées (Catherine Blein et Christine Tasin condamnées pour apologie du terrorisme), un non-lieu est rendu dans le procès de l’attentat terroriste de Bayonne, alors que l’on est en droit de savoir si la responsabilité dépasse la seule action du terroriste décédé en prison. C’est dans le but de questionner les responsabilités et les idéologies racistes qui sont à l’œuvre dans cette tentative de meurtre qu’il importe pour le CCIE de se porter partie civile dans le procès de Dole.
Depuis la mise en ligne de notre page Facebook, plusieurs médias, français et belges, ont annoncé que le CCIF, auto-dissout en France le 29 octobre puis dissout par le Conseil des ministre français le 2 décembre 2020, s’était « reconstitué en Belgique ». Cela est faux : le CCIF n’existe plus. Ses actifs et ce qui constitue sa propriété intellectuelle ont été cédés à des associations, dont le CCIE, juste après l’auto-dissolution. Malgré les nombreux faits établis ces derniers mois, persistent des contre-vérités à propos de cette association, et notamment l’idée que le CCIF aurait été « manifestement impliqué » dans l’assassinat du professeur Samuel Paty. Les médias français — comme Le Monde ou Libération — qui ont enquêté pour savoir si le CCIF était impliqué ont pu se rendre compte qu’il n’y a eu absolument aucune action ou communication de la part de l’association sur ce dossier. Dès lors, prétendre que le CCIF aurait été impliqué dans l’attentat (ou même dans la campagne contre Samuel Paty) est hautement diffamatoire et grave ; cette accusation a d’ailleurs donné lieu à de nombreuses menaces de mort adressées aux équipes de l’association, dont la sécurité physique était en danger en France. Le 27 octobre, dans le quotidien Libération, M. Gérald Darmanin a fait marche arrière et a reconnu que le CCIF n’avait aucun lien avec la campagne contre le professeur Samuel Paty, tout en faisant part de sa détermination à dissoudre l’association. Le CCIF était une organisation pacifique et aucun de ses membres n’ayant fait l’objet d’une condamnation, le gouvernement français, par l’intermédiaire de son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est passé par la voie administrative pour la dissoudre. Cette dissolution arbitraire, que l’avocat du CCIF a contestée auprès du Conseil d’État, a heurté plusieurs grandes organisations historiques, comme Amnesty International, qui y a vu une atteinte à la liberté d’association, la Ligue des Droits de l’Homme, qui l’a qualifiée de « dissolution politique » ou comme Human Rights Watch, qui l’a inscrite dans une « dérive sécuritaire » qui met en danger les libertés. Le CCIE est une nouvelle association, une asbl belge qui fonctionnera de manière différente du CCIF, notamment parce qu’elle va s’orienter sur l’observation et l’analyse du phénomène d’islamophobie à l’échelle européenne. Naturellement, notre choix s’est dirigé vers Bruxelles, capitale de l’Europe et espace de rencontres et d’échanges des organisations non gouvernementales européennes. En cela, le CCIE n’est pas une reconstitution du CCIF. Il récupère uniquement les productions et les moyens de communication cédés par le CCIF lors de son auto-dissolution. L’équipe du CCIE