Le racisme et la discrimination sont un problème « sérieux et préoccupant » au sein du ministère des affaires étrangères hollandais. Voici la conclusion d’une enquête auprès des fonctionnaires qui a été menée par le conseil d’administration mis en place par les plus hauts responsables du département. Les chercheurs affirment qu’il existe un racisme institutionnel au ministère même ainsi que dans les ambassades et les postes diplomatiques à l’étranger. Blagues racistes L’enquête révèle que les fonctionnaires sont confrontés à des abus verbaux, des mesures dérogatoires, du racisme culturel, des blagues racistes ainsi qu’à des accusations et des insinuations trompeuses. Les fonctionnaires ont, par exemple, déclaré que des personnes ont à plusieurs reprises été qualifiées de « singes », « bokitos* », « nègres » et « Père Fouettard » en raison de leur couleur de peau. Les pays africains ont été qualifiés de « pays de singes ». Des injures ont également été prononcées dans les départements en charge de la coopération au développement dans les pays africains. Le racisme a aussi été constaté chez les cadres. Les personnes de certaines cultures étaient associées à des « paresseux » et des « criminels ». De plus, les personnes interrogées indiquent que les cadres prennent trop peu de mesures correctives ou ne prennent aucune mesure lorsqu’ils sont informés des cas de racisme. Les fonctionnaires biculturels et les fonctionnaires de couleur se sentent parfois exclus et ignorés. Ils constatent que certains collègues blancs les considèrent comme des êtres d’une « autre ethnie et culture » et non comme un Hollandais à part entière ou un collègue équivalent. À titre d’exemple, le rapport indique qu’un fonctionnaire a reçu la remarque suivante : « Tu joues bien aux jeux de palets pour un nègre ». Dans un consulat hollandais, un fonctionnaire aurait dit (avec la porte ouverte pour que les autres puissent l’entendre) : « Vous devriez remettre les Asiatiques dans leurs cages. Pendez-les à l’arbre le plus haut, ils doivent connaître leur place. » Certains fonctionnaires de La Haye ont indiqué qu’ils ne souhaitaient pas « partager l’avion avec des femmes voilées ». Dans une réaction, les ministres Hoekstra et Schreinemacher ont déclaré que le racisme et la discrimination sont inacceptables. Le Secrétaire général s’est excusé et a exprimé ses regrets pour « l’incapacité apparente à fournir un environnement de travail dans lequel ce type d’événement n’a pas sa place ». L’enquête a vu le jour après les manifestations de Black Lives Matter en 2020 lorsque le conseil d’administration du ministère des Affaires étrangères avait décidé d’enquêter sur les formes de racisme qui ont lieu au sein de l’organisation. *« bokito » fait référence au nom d’un gorille échappé d’un zoo néerlandais en 2007 Source : https://nos.nl/artikel/2456127-institutioneel-racisme-bij-buitenlandse-zaken-top-biedt-excuses-aan
En vertu de la « loi ghettos » votée en 2018 et qui prévoit de limiter le nombre de « non-Occidentaux » dans les quartiers défavorisés, des milliers de citoyens, pour la plupart musulmans, seront expulsés de leur logement d’ici à 2030, au Danemark. Chaque année au mois de décembre, une liste de ce qu’il nomme les « zones de transformation » – connues jusqu’à l’année dernière sous le nom de « ghettos durs », est publiée par le ministère de l’intérieur et du logement, forçant les habitants de ces quartiers à quitter leurs habitations pour atteindre l’objectif d’abaisser à 30% dans certaines zones du pays, la proportion d’habitants “non occidentaux”. Pourtant, malgré les critiques des groupes de défense des droits de l’Homme face aux conséquences de la loi “anti-ghettos”, le gouvernement Danois, mené par la sociale-démocrate Mette Frederiksen, ne prévoit pas de revenir en arrière sur une loi pourtant décriée à l’échelle nationale et internationale. Des critères de désignation racistes ?Au delà des indicateurs sociaux-économiques, éducatifs ou liés à la criminalité, pour qu’un quartier reçoive cette qualification, il doit compter plus de 1000 habitants et garder une proportion de “non-occidentaux” inférieure à 50%, et ce, même s’ils sont nés au Danemark. Pour l’ONU, la conséquence de la loi “ghettos” revient au fait « que le terme de ‘non-Occidental’ vise de manière disproportionnée les populations ethniques non blanches et non européennes du Danemark ». L’année dernière, le Haut commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies avait appelé Copenhague à mettre fin à ce système, mais malgré les innombrables critiques qu’il a reçues de la part d’organisations internationales telles que les Nations unies ou le Conseil de l’Europe, le Danemark n’a pas l’intention de faire machine arrière, bien au contraire. Vers un durcissement général des mesures anti-immigration et anti-islam ? Menée par la sociale-démocrate Mette Frederiksen, arrivée au pouvoir en 2019 à la tête de la coalition pourtant minoritaire à la Folketing, le parlement Danois, et déterminé à récupérer les voix des électeurs partis à l’extrême droite, la politique migratoire du Danemark a drastiquement été durcie et le pays a pris des mesures anti-immigration sans précédents, en affichant notamment un objectif de « réduire à zéro » le nombre de demandeurs d’asile. Outre la politique migratoire, le gouvernement social-démocrate a également provoqué la colère de la population musulmane locale lorsque la Commission danoise pour la lutte des femmes oubliées – un organe créé par le parti social-démocrate au pouvoir au Danemark – a recommandé cet été, l’interdiction du hijab pour les élèves des écoles primaires danoises.
A seulement 17 ans, Sarah Chaari, Belgo-Marocaine originaire de Charleroi et portant le voile, a été sacrée championne du monde de Taekwondo la semaine dernière au Mexique. La jeune athlète a ainsi offert à la Belgique la deuxième médaille d’or pour un championnat du monde et la première dans la catégorie féminine. Elle est de surcroît la seule athlète au monde à avoir remporté dans la même année le titre mondial chez les juniors et les seniors. Selon un schéma désormais connu car moult fois répété, les victoires internationales de personnes appartenant à des groupes marginalisés dans leur pays sont célébrées comme des victoires nationales. Comme si ces victoires ouvraient des parenthèses enchantées où ces personnes étaient tout à coup considérées comme des citoyennes et citoyens de premier ordre, dignes de représenter leur pays et de personnifier l’égalité des chances dont elles ont bénéficié, les diverses discriminations qu’elles ont vécues par ailleurs tout au long de leur parcours sont opportunément passées sous silence. Il semble cependant difficile de faire l’économie de cette analyse, tant le contraste est marqué entre l’ingénuité avec laquelle cette actualité victorieuse est relayée et le sort de bon nombre de femmes musulmanes souhaitant porter le voile en Belgique. Si la jeune Sarah Chaari démontre par son parcours une combativité redoutable et admirable, il ne faut pas cependant oublier de considérer la somme des obstacles, des épreuves et des remises en question forcées auxquels sont confrontées de nombreuses femmes musulmanes. Le couronnement de Sarah Chaari ne doit ainsi pas faire occulter la somme des renoncements forcés, des demi-tours et des ambitions déçues qui marquent le parcours de nombreuses femmes voilées et qui ont des conséquences subjectives durables. Empêchées d’enseigner, d’étudier, de pratiquer leur sport librement, soumises à la possibilité constante d’humiliations, de discriminations, d’insultes, les effets du débat public dans la vie des femmes qui choisissent de porter le foulard peuvent mener à bout les plus déterminées d’entre elles. Les parcours de réussite ou « d’excellence », comme il est d’usage de les nommer, ne sont ainsi pas la preuve incarnée des efforts d’inclusion des minorités par la société majoritaire, tout comme ils ne sont pas non plus le signe que « quand on veut, on peut ». Célébrer l’excellence d’un parcours individuel d’une femme portant le voile en dégageant d’un revers de main les difficultés rencontrées par bon nombre des femmes qui ont fait le même choix quant à leurs pratiques religieuses est ainsi malavisé. Intimer à des personnes objectivement victimes de divers mécanismes de minorisation l’idée que leur sort reposerait principalement sur la force de leur volonté, c’est les rendre en effet injustement responsables des problèmes structurels auxquels elles sont confrontées. Le CCIE félicite ainsi bien sûr la victoire de Sarah Chaari. Mais il est important également de réitérer que peu importe les victoires, les médailles, les diplômes, ou les parcours dits “d’exception”, chaque personne, sans exception, mérite de bénéficier des mêmes droits, des mêmes chances et des mêmes libertés.
Aux Pays-Bas, le coordinateur de l’antiracisme de la police nationale déclare que les femmes policières devraient pouvoir porter le foulard. Lors d’une interview avec le journal néerlandais NRC, le coordinateur national contre le racisme et la discrimination de la police hollandaise, Johan van Renswoude, a plaidé pour plus d’inclusion au sein des forces de l’ordre. Il a déclaré que les officiers de police devraient avoir le droit de porter le foulard et d’autres symboles religieux au travail. Le coordinateur soutient qu’à l’époque actuelle il convient de « permettre la diversité, y compris dans les apparences ». Les signes religieux sont actuellement interdits aux Pays-Bas pour les agents de police. Cette année, Van Renswoude a été nommé coordinateur après une série de rapports inquiétants sur le racisme au sein de la police. Des (anciens) policiers avaient dénoncé la manière dont eux-mêmes ou des collègues sont intimidés, harcelés et discriminés en raison de leur couleur de peau ou de leur origine sans qu’il y ait la moindre intervention de la direction policière. Van Renswoude reconnaît que le débat sur l’autorisation des signes et vêtements religieux est une question sensible, également au sein de la police. Il souhaite dès lors réunir un comité d’experts pour en discuter davantage. La conception du principe de neutralité est remise en cause et les hollandais se posent la question à savoir si le port d’un symbole religieux tel qu’un foulard, une kippa ou une croix fait obstacle à la neutralité ou si, au contraire, il crée plus de liens avec la population. La ministre de la Justice Yesilgöz, connue pour son islamophobie virulente, s’est opposée aux tenues religieuses dans la police évoquant le principe de neutralité. Or, le coordinateur national contre la discrimination et le racisme, Rabin Baldewsingh, avait indiqué en septembre qu’il n’était pas d’accord avec l’argument de la neutralité. Selon lui, le port de signes religieux n’affecte pas le professionnalisme et la neutralité des fonctionnaires. « Je pense que l’idée qu’elles ne peuvent pas remplir leur fonction de manière impartiale est incorrecte et inutilement stigmatisante », avait-il alors déclaré. L’Institut néerlandais des droits de l’homme avait déjà déclaré en 2017 que la police faisait preuve de discrimination en interdisant à une employée de Rotterdam de porter un foulard lorsqu’elle était en uniforme. Bien que dans la majorité des pays occidentaux, le port de vêtements religieux ne soit pas autorisé pour les officiers de police, plusieurs pays ont opté pour une politique d’inclusion sans discrimination religieuse. La police écossaise a ainsi conçu un foulard officiel que les agentes sont autorisées à porter. Il existe également un foulard officiel en Nouvelle-Zélande ainsi qu’en Angleterre. Source : https://nos.nl/artikel/2450619-coordinator-racismebestrijding-politie-vindt-dat-agent-met-hoofddoek-moet-kunnen?fbclid=IwAR2wnlqW96z5EsWyey3IkuvtymDH_dZu0IjLpyu8zz52HDporZbvQwiBu-Y
Le 13 octobre, le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse Pap Ndiaye a déclaré dans un article paru dans le journal Le Monde qu’il existerait des « signes religieux par destination », c’est-à-dire qui deviendraient religieux « par une intention que leur prête leur auteur. » Selon lui, « un bandana n’est pas un signe religieux en lui-même, mais il peut le devenir ». L’expression de « signes religieux par destination » a par la suite été employée le même jour par la Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Sarah el Haïry qui a déclaré : « L’école est un sanctuaire, que l’on doit protéger de tout prosélytisme. Quand une tenue est un signe religieux par nature ou par destination : alors elle est interdite et n’a rien à faire au sein d’un établissement scolaire. » Quelques jours plus tard, le 18 octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin adresse une lettre à l’attention de tous les préfets de France affirmant que « les abayas ou les qamis constituent bien des vêtements religieux par destination dès lors que la finalité qui s’attache à leur port ne fait aucun doute ». Tout porte à croire que ce concept fraîchement fabriqué de « signes religieux par destination » et les mesures qu’il permet inaugure une nouvelle séquence de répression accrue pour les lycéens et collégiens de confession musulmane. C’est ce que montrent en effet les nombreux témoignages d’élèves qui ont été victimes lors de cette rentrée scolaire d’actes discriminatoires et portant atteinte à leurs libertés fondamentales du fait de leurs façons de se vêtir : insultes, intimidation, humiliations, injonctions à se déshabiller, menaces d’exclusion ou de conseils disciplinaires, les témoignages sont alarmants. Le personnel pédagogique des établissements concernés, ainsi explicitement encouragé par le gouvernement à traquer les « signes religieux par destination », ont fait vivre à ces élèves des épisodes de véritable harcèlement, uniquement parce que leurs tenues ont été jugées trop amples, trop longues, ou trop couvrantes. De simples gilets, des capuches, des écharpes portées rapidement sur la tête pour se protéger de la pluie un instant, ont ainsi provoqué des réactions tout à fait démesurées. Dans une lettre adressée aux recteurs, le ministère de l’Éducation nationale incitait en effet à considérer comme une atteinte à la laïcité « les signes ou tenues [qui] ne sont pas par nature des signes d’appartenance religieuse, mais le deviennent indirectement et manifestement compte tenu de la volonté de l’élève de leur faire produire cette signification, au regard de son comportement. » Cette formulation extrêmement floue pousse le personnel éducatif à réaliser de véritables enquêtes afin de déterminer si la tenue de l’élève est ou non à considérer comme religieuse. Les témoignages recueillis par le CCIE reflètent ainsi une tenace volonté d’incursion dans la vie personnelle des élèves : quelles sont leurs croyances religieuses ? l’élève porte-t-elle le voile en dehors de l’établissement ? porte-t-elle un legging en dessous de sa robe ? porte-t-elle toujours ce type de tenue ? etc… C’est là toute la contradiction de cette nouvelle interprétation de la laïcité à l’école. Si des membres du gouvernement ont déclaré pour justifier cette démarche « qu’on ne doit pas deviner la confession du jeune », c’est l’exacte inverse qui se produit puisque le personnel pédagogique est précisément encouragé à « deviner », à chercher activement à déterminer la religiosité de l’élève à travers un faisceau de « signes » (le comportement de l’élève, la permanence de la tenue, son refus de l’enlever, sa culture familiale, ses positionnements politiques sur les attentats par exemple, etc…). Cette politique de suspicion à l’égard des élèves est extrêmement inquiétante, d’autant plus qu’elle cible principalement les jeunes filles : ce sont en effet elles qui, de manière écrasante, font l’objet d’un tel traitement. La focalisation des administrations concernées quant à leurs tenues vestimentaires envoie à ces jeunes filles un message déplorable, à un âge de grande vulnérabilité. Les injonctions à se dévêtir, à se découvrir, à montrer ce qu’il y a sous la robe, laissent en effet entendre qu’un certain niveau de dévoilement du corps est nécessaire à leur présence à l’école. Face à ce message sexiste, il faut réitérer le droit fondamental de ces jeunes filles à faire leurs propres choix quant à leurs façons de s’habiller. Par ailleurs, ce sont systématiquement les élèves perçues comme d’origine maghrébine ou africaine qui subissent ces prises à partie, car le personnel éducatif déduit de leurs origines leurs appartenances religieuses. La surveillance des choix vestimentaires des jeunes filles revêt ainsi une dimension raciste, puisqu’elle concerne presque systématiquement les jeunes filles considérées par l’administration des lycées comme d’origine maghrébine ou africaine. Atteinte aux libertés fondamentales des élèves, pratiques humiliantes, sexistes et racistes envers des mineur.e.s, c’est le résultat consternant de l’injonction à détecter les « signes religieux par destination ». Le CCIE est chaque jour sollicité pour soutenir des centaines de lycéen.ne.s en proie à une véritable police de la conscience à l’école. À tout cela doit s’ajouter une couverture médiatique et politique qui n’hésite pas à présenter les élèves concerné.e.s comme des agent.e.s d’une « offensive islamiste », dans une rhétorique qui criminalise de simples choix vestimentaires et opère un rapprochement tendancieux avec l’assassinat du professeur Samuel Paty. Les chiffres officiels mobilisés pour démontrer la multiplication des atteintes à la laïcité lors de cette rentrée ne prouvent pas, comme le prétend le ministre de l’Intérieur, l’éruption d’une « offensive islamiste » orchestrée pour faire pression sur l’école. Ils reflètent plutôt l’élargissement délibéré de la définition de la notion d’atteinte à la laïcité, et l’intensification des signalements dans un climat de surveillance policière. Il est intolérable que l’école devienne le lieu d’une telle violence à l’endroit des élèves, qu’on les humilie pour leurs choix vestimentaires et qu’on leur dénie ainsi leur liberté de conscience. Le glissement de l’interdiction des signes religieux dits « ostentatoires » aux signes religieux « par destination » doit donc retenir toute

La diffusion par BFMTV et CNEWS de vidéos Tiktok de jeunes lycéen.ne.s en tenues décrites comme religieuses a récemment renforcé la thèse sensationnaliste d’une « offensive islamiste à l’école ». Les auteurs de ces vidéos ont ainsi été accusé.e.s dans la presse écrite et lors de débats télévisés d’encourager le port de tenues religieuses dans les lycées, d’appeler à la provocation, voire de faire pression sur le personnel pédagogique. Face à cet emballement, le CCIE tient à apporter sa connaissance des faits afin de mettre ces vidéos en perspective. Les vidéos, extraites de leurs contextes, diffusées à la télévision sans l’autorisation des personnes concernées et insuffisamment anonymisées, ont de fait exposé ces personnes mineures à un risque évident de harcèlement, de façon absolument irresponsable. Certaines des personnes concernées ou leurs familles se sont tournées vers le CCIE pour faire part de leur désarroi quant à cette exposition médiatique. Une vidéo Tiktok diffusée par CNEWS pour illustrer “les atteintes à la laïcité dans l’enseignement” montre ainsi un jeune lycéen en qamis au lycée avec ses amis, sans indiquer que cette tenue était portée à l’occasion d’une journée déguisée organisée un an plus tôt, et qu’elle n’a alors provoqué aucun problème pour le personnel éducatif. Le jeune homme étant facilement reconnaissable malgré le floutage de son visage, sa famille redoute les conséquences que la diffusion de ces images aura pour son avenir. De la même façon, une lycéenne ayant tourné une vidéo sur un ton humoristique en se montrant en capuche avec la légende “méthode pour camoufler ses cheveux au lycée” a reçu la nouvelle par ses amies que sa vidéo avait été diffusée par CNEWS pour dénoncer le prosélytisme au lycée. La lycéenne n’avait pourtant mis cette capuche que l’espace d’une seconde pour réaliser le Tiktok, tout en précisant dans les commentaires que cela n’était pas permis au lycée. Si son visage est alors flouté, il est là encore aisé de l’identifier puisqu’il suffit de taper dans la barre de recherche la légende qui accompagne la vidéo pour retrouver son compte. Elle est depuis la cible d’un harcèlement caractérisé sur les réseaux sociaux et au sein de son lycée. Sa mère craint un déferlement de haine à son encontre et déplore que “l’on ait fait passé sa fille de 17 ans pour une intégriste”. Ce traitement médiatique criminalise de simples jeux d’adolescents, qui expérimentent, exagèrent, s’amusent, etc. – comme il est tout à fait ordinaire à leur âge. Il ne s’agit de surcroît que de quelques vidéos isolées et spécifiquement sélectionnées, et non d’un phénomène massif comme cela est suggéré. Cibler ces adolescents au lieu de les défendre face aux injustices dont ils sont victimes, c’est les rendre responsables de polémiques qui les dépassent largement, créées dans un climat de surenchère médiatique et politique quant aux dangers de “l’islamisme”. C’est aussi occulter le véritable problème. La vraie dérive est celle qui se fait voir à travers les récits de nombreux élèves recueillis par le CCIE lors de cette rentrée scolaire : lorsque des surveillants, des professeurs ou des proviseurs harcèlent, humilient et insultent les élèves du fait de leurs tenues vestimentaires, lorsqu’ils leur font vivre de véritables interrogatoires au sujet de leurs croyances religieuses, lorsqu’ils les obligent à choisir entre se dévêtir ou manquer des heures de cours, ce sont les valeurs de l’école et les droits des élèves qui sont bafoués. Le CCIE réaffirme son soutien à toutes celles et tous ceux qui sont victimes de telles discriminations.
Face à l’élan de solidarité français pour les femmes iraniennes, le CCIE réaffirme le principe du respect de la liberté des femmes, partout dans le monde. L’émoi est intense dans le monde entier suite aux manifestations en Iran provoquées par la mort de la jeune Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs parce que son foulard a été jugé incorrectement porté. Les images d’une répression iranienne d’une rare violence et celles de la témérité des manifestantes risquant leur vie ont suscité un élan de solidarité sans précédent envers les femmes iraniennes. Si le courage de ces femmes, dont certaines ne sont encore que des écolières, a touché le monde entier, l’actualité iranienne a un écho particulier en Europe et plus spécifiquement en France. L’argument de la condition des femmes en Iran ou dans d’autres pays musulmans est depuis longtemps utilisé pour disqualifier le souhait des femmes de porter le voile. Les images de jeunes femmes iraniennes ôtant leur voile et le brandissant en signe de protestation, réactive puissamment cet argument aujourd’hui. Dès lors, un parallèle semble s’imposer dans le débat public entre le courage des femmes iraniennes osant enlever leur voile et l’asservissement présumé des femmes françaises souhaitant le porter : selon cette rhétorique, il serait hypocrite d’être solidaires des unes et de défendre les autres. À ceux qui voient une contradiction à défendre les femmes qui ne souhaitent pas le porter en Iran en même temps que celles qui souhaitent le porter en France, le CCIE entend rappeler le principe fondamental du respect de la liberté des femmes et de leurs choix personnels, quels qu’ils soient. Certaines des voix qui s’élèvent pour féliciter la révolte des iraniennes cachent mal le raisonnement simpliste et islamophobe qui les sous-tend : enlever le voile serait en soi un symbole de liberté, le porter serait en soi un symbole d’oppression. Face à cette schématisation grossière, l’emphase doit être portée sur l’immense pluralité des trajectoires et des conditions des femmes qui font le choix de porter ou d’ôter le voile, en France comme en Iran. Quiconque est touché par le sort des femmes iraniennes doit également considérer celui de toutes les femmes réduites à leur apparence physique et à leur façon de se vêtir, en France et partout ailleurs dans le monde. Le CCIE appelle ainsi à considérer la situation des femmes musulmanes choisissant de porter le voile en France et les difficultés qui précarisent leurs vies : les discriminations qu’elles subissent lourdement à l’emploi, au logement, dans les administrations, à l’éducation, mais aussi les insultes et les agressions physiques dont elles font régulièrement l’objet et qui ont parfois des conséquences mortelles. Marwa El-Sherbini, tuée de plusieurs coups de couteau sous les yeux de son enfant de 3 ans à Dresde est une de ces victimes de la haine contre les femmes portant le voile en Europe. Qu’elles choisissent de porter le voile ou qu’elles choisissent de l’enlever, aucune femme ne peut être réduite à son habillement. Il est inacceptable qu’une femme s’expose à la possibilité de répercussions mortelles du fait de ses simples choix vestimentaires. Le principe de la liberté d’agir, de se vêtir, et de pratiquer leur religion comme elles l’entendent doit être défendu partout dans le monde. Le CCIE réitère ainsi un principe simple : le respect dû aux femmes n’a pas de condition.
Depuis le témoignage de Laya, une étudiante de l’école Eductive DBS Paris, que vous pouvez voir ou revoir ici, de très nombreux témoignages d’étudiantes du même réseau d’écoles privées nous sont parvenus. Ils révèlent tous que le réseau Eductive opère des discriminations à l’égard des étudiantes musulmanes qui portent le hijab. En interdisant dans son règlement intérieur le port de signes religieux, Eductive porte une atteinte délibérée à la liberté de conscience et empêche des centaines d’étudiantes de confession musulmane d’étudier dans de bonnes conditions. Soyons nombreux à interpeller son président et directeur Jonathan Azoulay, afin de faire savoir que ces étudiantes sont soutenues dans leur combat et qu’il doit se conformer à la loi. Télécharger le courrier-type à personnaliser L’envoyer par mail à la direction du réseau Eductive : direction-ges@reseau-ges.fr, en mettant en copie l’adresse contact@ccieurope.org.
Au mois de juillet dernier, le témoignage de Laya a été vu plus de 960000 fois. Étudiante de l’école privée de commerce Eductive DBS dans la région parisienne, elle avait été convoquée par la directrice de l’établissement qui lui tenait des propos choquants, allant jusqu’à lui ordonner de baisser le regard pendant qu’elle l’humiliait. Depuis, pour justifier leurs pratiques discriminatoires, l’école Eductive DBS a modifié son règlement intérieur pour interdire le port de tout couvre-chef. Cette modification porte atteinte à la liberté de conscience et d’expression des élèves, qui ne sont pas soumis au principe de neutralité. Nous avons donc engagé contre eux une procédure afin de faire valoir le droit des élèves discriminées. Nous avons accès à toutes les pièces du dossier et nous pouvons vous affirmer que les élèves sont victimes de mesures discriminatoires, liberticides qui provoquent chez elles un stress et un état psychiques qui les empêchent d’aborder l’année avec sérénité. Après la diffusion de cette vidéo, nous avons reçu un grand nombre de témoignages de cas similaires d’étudiantes en école de commerce du même réseau. Nous avons besoin de vous Il apparaît que cette école met en avant des partenariats avec de nombreuses enseignes nationales et internationales de renom qui ne sont sûrement pas informées de leurs méthodes discriminatoires. Il serait intéressant de les informer que l’école avec laquelle ils sont partenaires entretient et assume une politique de discrimination à l’égard d’une partie de ses élèves et d’exiger de leur part une position claire. Vous aussi, en tant que consommateurs, vous avez le droit de savoir si les enseignes auprès desquels vous faites vos achats de produits et de services soutiennent des valeurs de libertés et les principes d’égalité et refusent toute forme de discrimination. C’est pourquoi nous vous appelons à soutenir ces étudiantes dans lesquelles nous nous reconnaissons tous, ayant été étudiants, en interpellant les enseignes partenaires de cette école. Pour cela, nous vous demandons de : Télécharger le courrier-type ; L’envoyer aux adresses emails des entreprises partenaires ; Interpeller ces entreprises sur les réseaux sociaux. Ci-dessous la liste des entreprises que nous allons interpeller, ensemble :
Dans un article paru dans Sud Ouest, nous apprenons que Taqwa Pinero, basketteur et directeur général de l’Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez, a fait l’objet d’une tentative de limogeage en raison de sa foi musulmane. Tentative dans laquelle ont été impliqués des politiques et notamment, au premier plan, François Bayrou. Converti à l’islam, Taqwa Pinero aurait « affiché » sa foi musulmane à travers une publication où il écrit le nom « Allah ». Sacrilège pour certains investisseurs, qui considèrent que l’image du club est « salie », particulièrement pour un club « à l’origine catholique ». Une réunion de crise islamophobe est alors organisée rapidement à l’initiative du cabinet du maire de Pau, François Bayrou, où ce dernier aurait demandé aux propriétaires américains du club d’écarter Taqwa Pinero, compte tenu du principe de laïcité ; ce qui aurait été, logiquement, un argument précisément contraire au fait d’évoquer l’origine catholique du club… Laïcité ou catholicisme ? Peu importe le prétexte, tant que le musulman est écarté. Selon Sud Ouest, pour l’un des dirigeants du groupe, Greg Heuss, cette approche de la laïcité à la française est absurde : « François Bayrou a indiqué qu’un musulman ne serait pas accepté localement est politiquement, car l’Elan est une organisation catholique. Nous avons répondu qu’il était hors de question de virer quelqu’un pour sa croyance religieuse, que ce n’était pas notre façon de faire ni d’être. Le maire a insisté, nous a répété qu’il fallait qu’on écarte Taqwa. Il a redit qu’on ne comprenait pas la mentalité d’ici, que c’était impossible » Taqwa Pinero a finalement été licencié. La laïcité façon Bayrou (dont la circulaire en 1994 a contribué à discriminer des étudiantes musulmanes) se résume donc à une posture identitaire islamophobe dissimulée derrière un principe libérateur. Nous encourageons nos lecteurs à exprimer leur soutien à Taqwa Pinero.