Auteur/autrice : La Rédaction

Émeutes racistes et islamophobes au Royaume-Uni. La mécanique grossière de la rumeur

         Les émeutes racistes et islamophobes qui ont fait couler tant d’encre au Royaume-Uni et dans le monde sont saisissantes. Quiconque est lucide quant à l’engrenage semble-t-il implacable entraînant les sociétés européennes au bord du précipice ne peut cependant être surpris quant à ses émeutes. Elles ne sont que l’aboutissement en bout de chaîne d’un processus sociohistorique aussi limpide que prévisible.          En surface, l’engrenage se présente comme suit. Un crime atroce est commis. Son auteur n’est pas encore connu, mais des voix assurées ont tôt fait d’accuser l’étranger, le musulman, le fourbe ennemi qui corrompt la société de l’intérieur. Qu’importe que l’identité finalement révélée du meurtrier ne corrobore en rien la rumeur, qu’il soit né au Royaume-Uni de parents chrétiens, que tous ceux qui l’ont connu l’ont décrit comme parfaitement intégré, sans que cela n’empêche en rien le passage à l’acte violent. La mécanique qui s’est enclenchée est déjà autonome de tout fondement, de toute justification. Les commerces brûlent, des barrages sont établis, ne laissant passer que les Blancs, lynchant les autres, mosquées et cimetières musulmans sont attaqués, en plus des innombrables propriétés privées de ceux que la rumeur a accusés.          De nombreuses thèses de sociologie et d’anthropologie seront nécessaires pour nous renseigner quant à la sauvagerie qui s’est déchaînée au Royaume-Uni. Il est de grande nécessité d’expliquer la barbarie raciste, et de tenter de la conjurer en se donnant des prises réflexives quant à l’engrenage sociohistorique qui y aboutit. À ce titre, une piste parait offerte par l’usage correct de la notion de décivilisation proposée par Norbert Elias à l’examen de la barbarie nazie. Selon ce sociologue, la décivilisation n’est pas l’inverse du procès de civilisation ; elle est en un contrecoup pathologique, figuré par le détachement généralisé à l’égard des règles communes de comportement. Ces règles ne sont pourtant pas méconnues des acteurs, ils font le choix de les mépriser. Cet effondrement civilisationnel n’a rien de spontané, il ne se produit qu’à la condition de la diffusion au sein de la société entière d’affects brutaux, de comportements vulgaires, de mensonges éhontés. Selon Norbert Elias, la source historique de ces maux sociaux est à rechercher parmi les élites politiques, économiques et médiatiques qui, dans les sociétés modernes, offrent (du fait des aspirations à l’ascension sociale que chacun et chacune éprouve) un puissant modèle de comportement. Or, la leçon d’Elias est sans appel : l’inconséquence de la bourgeoisie aboutit au pire, ce dont convainc la violence féroce qui éclate aujourd’hui au grand jour. Au sein du débat public francophone, la barbarie raciste est pourtant reçue avec une singulière mansuétude. Telle sociologue française d’importance redira que la décivilisation britannique signe la fin du modèle multiculturel. Tel média conservateur mais désormais central au sein du débat public français sera plus explicite encore, affirmant que les émeutes islamophobes manifestent le problème musulman des sociétés européennes, inversant ainsi les victimes et leurs bourreaux. À nouveau, rien d’étonnant ne se découvre à la lumière des émeutes racistes qui ont secoué le Royaume-Uni. On y retrouve ainsi les symptômes de la crise longue dans laquelle sont plongées les sociétés européennes en proie aux plus inquiétantes pathologies collectives. C’est par la propagation généralisée de la brutalité et du mensonge que la décivilisation advient, et avec elle les violences les plus graves. Aussi le Collectif contre l’islamophobie en Europe appelle-t-il à un surcroît de réflexivité. La pente qui mène à la catastrophe n’a rien d’inéluctable. Pour être renversée, elle requiert néanmoins le courage des forces vives de nos sociétés.

« Du moment que je ne vois pas vos cheveux, je ne parlerai pas avec vous. » | Témoignage de Aicha

Elle n’a pas le droit de porter son foulard chez elle ! « Du moment que je ne vois pas vos cheveux, je ne parlerai pas avec vous. ». Dans ce témoignage, Aicha, passionnée de sport, partage son expérience depuis qu’elle a choisi de porter le foulard. Malgré son désir de devenir animatrice sportive et de se réorienter dans un domaine qui lui tient à cœur, elle se heurte à des portes closes.

Interdire le foulard aux JO de #Paris2024 : une décision qui exclut

🏅 Alors que les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent à grands pas, rappelons la décision controversée de la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, d’interdire le port du foulard aux athlètes musulmanes françaises qui souhaitent le porter. En invoquant la laïcité, cette mesure ne peut-être que discriminatoire, islamophobe et contraire aux principes d’égalité et d’inclusion que les Jeux représentent. Cette décision a suscité de vives critiques de la part d’ONG mais aussi de la part de nombreux athlètes.

Les quartiers populaires ne doivent pas être les laissés-pour-compte de ce nouveau chapitre politique

Signer la pétition Face à l’incertitude croissante quant à la composition du prochain gouvernement, aux manœuvres politiciennes et aux tentatives d’alliances et de division, le CCIE rappelle le choix exprimé massivement par les Françaises et les Français lors des récentes élections législatives : un choix en faveur de la solidarité, de l’égalité et de la justice sociale. Cette pétition est un appel à faire entendre les voix de ceux qui redoutent qu’on les trahisse, notamment les quartiers populaires et les personnes issues de l’immigration post-coloniale. Contre la précarité économique, contre le racisme et les discriminations systémiques, et pour les droits des Palestiniens, rappelons les promesses qui doivent être tenues.  Trois jours après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron a enfin pris la parole en adressant aux Français un courrier dans lequel il souligne que « personne ne l’a emporté ». Aucune force politique n’ayant obtenu seule de majorité suffisante, les blocs formés sont destinés à demeurer minoritaires. La lettre insiste sur la nécessité de former un front républicain, après un temps de réflexion permettant aux forces politiques de construire des compromis avec « sérénité et respect de chacun ». Cette déclaration apparaît comme un déni évident de la réalité politique actuelle. Contre toute attente, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête, obtenant 182 sièges de députés, contre 168 pour les forces macronistes et 143 pour l’extrême-droite, que l’on imaginait pourtant déjà aux portes du pouvoir. Ces résultats reflètent un message clair de la majorité des Français : un rejet à la fois de la politique brutale et autoritaire du camp présidentiel et de la politique fasciste du Front national. Malgré cette victoire manifeste des forces de gauche, il n’est en aucun cas question pour Emmanuel Macron de faire appel à un gouvernement – y compris de compromis – faisant place aux luttes pour la justice sociale et climatique et contre les inégalités de tout genre qui mettent en danger le vivre-ensemble au sein de la société française. À ce titre, il faut rappeler également à quel point la mobilisation des quartiers populaires lors de ces élections a joué un rôle décisif pour contrer la menace de l’extrême-droite. Contre les thèses pyromanes et racistes portées par le gouvernement français (souvenons-nous de Gérald Darmanin se réjouissant de l’absence des « blédards » au second tour de l’élection au cœur de l’été), les franges de la société issues de l’immigration postcoloniale et ouvrière ont ainsi su faire preuve d’un remarquable esprit civique face au danger fasciste. Les quartiers populaires ont ainsi fait montre d’un surcroît de moralité et justesse politique que de larges parties de la bourgeoisie française n’a pas su manifester, échouant ainsi à se mobiliser contre la possibilité du fascisme.  Les quartiers populaires, qui ont ainsi massivement contribué au succès électoral de la gauche, ne doivent donc pas être les laissés-pour-compte de ce nouveau chapitre politique. Ils ont pleinement le droit d’exiger que leurs voix soient entendues par-delà le brouhaha des négociations actuelles et que leurs attentes soient pleinement prises en compte. Ces espoirs expriment ainsi leur attachement aux idéaux de justice sociale et d’égalité : Nous appelons toutes et tous à rester vigilants et exigeants. Terrifié par l’insignifiance politique à laquelle il est voué, le chef de l’État cherche à gagner du temps, espérant affaiblir la dynamique actuelle. Mais la société française ne peut se permettre de nouveaux atermoiements. Par-delà la cacophonie des apparatchiks de la politique partisane, une proposition de justice sociale, d’égalité et de respect des droits humains doit être formulée et entendue. Ne laissons pas cette occasion se transformer en une déception pour celles et ceux qui ont mis leur espoir dans un changement authentique. Cette fenêtre d’opportunité sera peut-être la dernière qui nous sera donnée avant la catastrophe.  Signer la pétition

« Soyons réalistes, exigeons l’impossible » : Défaire l’islamophobie pour mettre un terme à la menace fasciste

Les résultats du second tour des élections législatives en France de juillet 2024 sont une éclaircie inattendue dans la chronique de la prise de pouvoir de l’extrême-droite. Ce succès des forces coalisées de la gauche démontre que la marche triomphale des courants nationalistes et réactionnaires n’a rien d’inéluctable, qu’une proposition de justice sociale peut faire reculer les affects racistes à l’œuvre au sein des sociétés européennes.  Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) joint sa voix à ceux et celles qui se réjouissent de la victoire du Nouveau Front populaire. La stratégie du choc promue par le chef de l’État, dont l’effet attendu était d’offrir le pouvoir au Front national, n’a pas fonctionné, la société française a démontré qu’un autre futur était possible, fondé sur la liberté, l’égalité et la fraternité. Cependant, ces mots sont destinés à demeurer vains si la gauche, qui sera peut-être au pouvoir à compter des jours prochains, ne défait pas le nœud de l’islamophobie dans lequel est prise la société française. Le CCIE ne peut faire semblant d’oublier que les forces de gauche triomphantes aujourd’hui n’ont que peu combattu la succession des mesures infligées aux communautés musulmanes de France tout au long des dernières années.  Les dissolutions d’organisations issues de la société civile, la loi séparatisme, la focalisation du débat public sur chaque pratique des musulmanes et des musulmans (existe-t-il une communauté dont l’humiliation quotidienne constitue à ce point un sport national ?), les perquisitions administratives… En France, la criminalisation des individus, y compris des enfants, et des organisations collectives peut être conduite sans que nul contre-pouvoir n’entre en action. Cette trame politique est la condition nécessaire de l’accession au pouvoir de l’extrême-droite, laquelle est seule à proposer la solution au « problème musulman »que d’autres ont construit pour elle.  Souvent indifférente au sort des musulmans et des musulmanes tout au long des dernières années en France et parfois même partie prenante de la surenchère, la gauche a une responsabilité morale qu’elle ne peut fuir aujourd’hui, à l’heure de son triomphe. Cette responsabilité se double d’une nécessité politique : sans apaisement de la nation par le tissage de nouveaux liens entre les groupes sociaux qui la composent, sans reflux de la frénésie islamophobe (c’est-à-dire d’abord par  l’abolition des mesures décidées par la présidence Macron), on peut craindre que le recul des forces nationalistes et réactionnaires ne soit qu’une brève embellie.  Mettre un terme à l’islamophobie comme politique de gouvernement n’est pas qu’un devoir moral de la gauche, elle n’est pas seulement un geste d’amitié civique envers les musulmans et les musulmanes de France, mais une manière d’expurger la société des affects les plus dangereux qui y prennent forme. Il en va de notre salut à toutes et tous.

Le Rassemblement National : 50 ans de polémiques

Dans cette vidéo, nous vous proposons un retour sur des décennies de controverses et de déclarations chocs du RN. Depuis sa création, le parti a gagné en popularité jusqu’à devenir l’un des plus grands partis de France avec 89 députés à l’Assemblée Nationale. Mais pourquoi est-il si controversé ? Le Rassemblement National s’est-il démarqué du Front National, nom du parti à sa création ? Pour comprendre sa situation actuelle, il est nécessaire de remonter aux origines et d’analyser son évolution.

Amele in Paris

« On m’a interdit de lire un livre en arabe dans un café ! » Reconstitué à partir d’un signalement qui a été effectué au CCIE, l’histoire d’Amele raconte un fait qui pourrait relever de la science fiction s’il n’avait fait l’objet d’un incident réel. Dans une société future, mais en réalité déjà actuelle, gouvernée par le racisme et fantasmée par l’extrême droite, il n’y a plus de femmes qui lisent un livre en arabe dans un café parisien. Une fois que les médias et les politiques ont préparé le terrain, les racistes et les islamophobes peuvent indéfiniment sortir la carte de la laïcité et agir de manière décomplexée, sous prétexte que leur champ de vision est perturbé par tout signe qui leur rappelle l’Islam et les musulmans.

Au Parlement européen, les partis d’extrême droite sortent renforcés mais divisés

L’Autriche et la France sont les deux pays où ces formations politiques sont arrivées en tête. Au lendemain des élections européennes qui renouvellent le Parlement pour les cinq années à venir, la poussée attendue des partis d’extrême droite s’est confirmée. Alors que l’Europe fête les 80 ans du débarquement des troupes alliées contre l’occupation nazie, le spectre fasciste menace de débarquer en force sur le Parlement. Sur les 58 députés constituant le groupe « Identités et Démocratie » rassemblant les partis d’extrême droite européens, plus de la moitié seront issus du RN francais. Un choc pour un des pays fondateurs de l’UE et dont le président Emmanuel Macron avait été élu pour lui faire barrage.   Ce dernier a d’ailleurs annoncé, dans la foulée des annonces des résultats, la dissolution de l’Assemblée nationale française, risquant d’accorder une majorité aux député(e)s RN et de nommer pour la première fois de l’histoire de France, un Premier ministre d’extrême droite. Du côté de la Belgique, les partis d’extrême-droite anti-immigration Vlaams Belang et la Nouvelle alliance flamande (N-VA) sont également arrivés en force, allant jusqu’à provoquer la démission du Premier ministre Alexander De Croo, dont le groupe a obtenu 7% des votes exprimés. Le statu quo est préservé au Parlement européen, avec le groupe majoritaire des Démocrates-Chrétiens de l’Allemande Ursula von der Leyen, ce qui signe sa réélection à la tête de la Commission européenne. Le CCIE constate que ce qu’il a toujours dénoncé, se confirme : appliquer les politiques racistes d’extrême droite n’a pour conséquence que de les renforcer. Seule une politique antiraciste, inclusive et fraternelle renforcera la cohésion nationale face au fascisme qui menace les sociétés européennes. Les résultats des élections européennes permettent au RN de se renforcer au Parlement européen sans toutefois remettre en cause les équilibres de pouvoirs au sein de l’institution. S’il obtenait le même résultat le soir du 7 juillet prochain, le sort de la France et de l’Europe provoquerait une situation sans précédent.

In France, does the CRIF have a share in Social Media Censorship?

Is there a link between the closure of social media accounts and the CRIF (The Representative Council of Jewish Institutions in France)? This question legitimately arises when analysing the PBB.News Instagram account that has almost 2 million subscribers. After it published some articles reporting on the situation in Palestine, the account received numerous reports and was deactivated on March 28. In its 8 years of activity, this is the fourth time that the editorial staff has had its Instagram accounts closed, hence losing each time several hundred thousand subscribers. Why is there a censorship – as in the case of PBB.News – of articles denouncing the ongoing genocide in G@za? Is it perhaps because on May 13 several CRIF members met Laurent Solly, Southern Europe’s vice-president at Meta, to discuss “Meta’s commitments in the fight against anti-Semitism and online hatred”, as mentioned in a tweet on the CRIF’s X-account? We may therefore legitimately question the CRIF’s role in Meta’s censorship of articles that denounce the genocidal policy of the State of Israel, as in the case of PBB.News. Since the beginning of the deadly attacks in G@za last October, the Meta group (which owns Facebook, Instagram, Threads and WhatsApp) has continually censored content in support of the Palestinian cause. It has reduced visibility, blocked functionalities, and deactivated network’s accounts in a direct and unappealable manner. The CCIE supports all information groups seeking to expose cases of discrimination on social media due to censorship.

Le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe est une association sans but lucratif basée en Belgique.

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