Auteur/autrice : La Rédaction

À bas l’islamophobie

“Des propos inacceptables : Bruno Retailleau attise la haine contre les femmes musulmanes portant le foulard” Lors de la réunion intitulée « Pour la République, la France contre l’islamisme », en présence de près de 2000 personnes et de nombreux membres du gouvernement, dont Manuel Valls (ministre des Outre-mer) et Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur), des propos d’une extrême gravité ont été tenus. Dès sa première intervention, Bruno Retailleau a donné le ton en déclarant :« Ayons le courage de reconnaître qu’en France, il n’y a qu’un seul communautarisme, un seul séparatisme qui menace la République, c’est l’islamisme. » Puis, franchissant un cap alarmant, il a scandé : « À bas le voile. » Cette formule ne relève pas d’une simple critique idéologique : elle constitue une incitation explicite à la haine et à la stigmatisation des femmes musulmanes qui portent le foulard, en les désignant comme une menace à éliminer. En reprenant une rhétorique évoquant les slogans les plus violents de l’Histoire, Bruno Retailleau ne se contente pas d’alimenter une polémique : il attise un climat de rejet et de discrimination. Aux multiples restrictions visant déjà à marginaliser les femmes musulmanes portant le foulard sur le plan social et économique, le ministre de l’Intérieur ajoute désormais une cible symbolique en les désignant publiquement comme objets d’hostilité. Une telle déclaration, provenant d’un représentant de l’État chargé de garantir la sécurité et l’égalité de tous, est inacceptable. Plutôt que de défendre la neutralité de l’État et la protection des libertés individuelles, Bruno Retailleau participe à la désignation d’un “ennemi intérieur”, un procédé historiquement utilisé pour justifier des politiques d’exclusion. Ces déclarations s’inscrivent dans une logique de discrimination systémique qui rappelle les mesures prises au XXe siècle contre les Juifs en France, où l’État organisait progressivement leur exclusion sociale et politique. Aujourd’hui, les femmes musulmanes portant le foulard sont les premières victimes de cette dérive : elles subissent depuis plus de 40 ans une propagande hostile et des politiques liberticides réduisant leur place dans l’espace public. Lorsque de tels propos sont tenus par un ministre de l’Intérieur, ils dépassent le cadre de l’opinion individuelle : ils engagent l’État et légitiment un discours de haine, en contradiction totale avec les principes de laïcité, de neutralité et d’égalité garantis par la Constitution française. Face à la gravité de ces déclarations, nous annonçons que nous avons décidé de saisir la commission des requêtes de la Cour de justice de la République afin que des poursuites soient engagées contre Bruno Retailleau pour incitation à la haine et manquement à ses devoirs de neutralité en tant que membre du gouvernement. Nous saisissons également l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) concernant la diffusion en direct de ces propos sur une chaîne d’information en continu. Il est impératif que les médias assument leur responsabilité en ne servant pas de relais à des discours qui mettent en danger une partie de la population. Nous considérons que Bruno Retailleau n’est plus digne d’exercer ses fonctions de ministre de l’Intérieur. Par ses propos irresponsables, il a manqué à son devoir de neutralité et mis en danger des milliers de citoyennes déjà exposées aux discriminations et aux violences. Nous exigeons sa destitution immédiate et appelons à une mobilisation collective pour défendre les libertés fondamentales et le principe d’égalité. Il est temps de dire STOP à la haine d’État.

« Ils vont nous prendre les enfants ! »: Témoignage poignant de Sara et de sa famille

Découvrez l’histoire poignante de Sara, jeune fille harcelée par la direction de son collège pour des raisons racistes et islamophobes, ainsi que les conséquences dévastatrices que cela a eu sur toute sa famille. Chaque année, à la même période, nous faisons le bilan de l’état de l’islamophobie en Europe : la situation ne cesse de se dégrader : les attaques contre les musulman(e)s, leurs lieux de culte et leurs droits fondamentaux se multiplient. Faites un don pour nous donner les outils nécessaires à la lutte contre l’islamophobie. #SolidairesEnsemble #CCIE #CCIETémoignage

« J’ai vu une arme pointée sur ma famille »: Publication d’un rapport sur les perquisitions pendant les JO de 2024

Au titre de l’impératif de protection du public lors de la tenue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui se sont tenus du 26 juillet au 8 septembre 2024, le ministère de l’Intérieur a mis en place un arsenal sécuritaire d’ampleur inédite en France contemporaine. Cette vague répressive, qui fait suite à plusieurs années d’extension de la législation antiterroriste et de l’incorporation des dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun, a conduit à une série de mesures explicitement liberticides, en apparence destinées à prévenir toute menace à l’encontre des biens et des personnes, en pratique formant un continuum avec la trame de la lutte contre la radicalisation et le séparatisme islamiste. À compter du mois d’avril 2024, le ministère de l’Intérieur a ainsi émis une série de « mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance » (MICAS). Celles-ci consistent en des mesures de privation de liberté, notamment par l’assignation à résidence d’individus considérés comme suspects, en conjonction avec la mise en œuvre de milliers d’enquêtes administratives et de visites domiciliaires. Parmi les personnes ciblées, des individus fichés S, des militants de l’ultragauche ou de l’ultradroite, mais également des personnes en situation administrative précaire ou simplement appartenant à des sphères professionnelles réputées sensibles. Cette diversité des profils atteints par les MICAS ne peut néanmoins masquer la réalité d’une politique visant essentiellement des personnes de confession musulmane, qui constituent ainsi l’essentiel des personnes concernées, ciblées sur le fondement de motifs inconsistants et douteux, parfois totalement fantaisistes.

A Response to ‘Le Monde’ against the Legitimation of Conspiratorial and Islamophobic Ideas

The Collective for Countering Islamophobia in Europe firmly condemns the article published by Le Monde on Monday, December 23, which grants an unchallenged platform to Bertrand Chamoulaud, Head of the National Directorate of Territorial Intelligence (DNRT). This text, riddled with ideological shortcuts and conspiracy theories, demonstrates a serious failure to uphold fundamental journalistic principles. By relaying such paranoid and Islamophobic rhetoric, Le Monde forfeits its responsibility to inform the public with rigor and impartiality. First, the claim that “the Muslim Brotherhood seeks to ultimately turn France and Europe into a caliphate by imposing Sharia” reflects the most hackneyed far-right fantasy. Such statements, unworthy of a high-ranking public security official, demonstrate a complete abandonment of factual rigor with the aim of demonizing Muslims. This conspiratorial rhetoric is nothing more than a political tool designed to justify repressive and discriminatory policies against part of the French population. The DNRT director goes on: “When the State tries to reaffirm the rules of the Republic by expelling imams, freezing assets, or shutting down mosques, you hear voices denouncing Islamophobia.” The closure of places of worship, the freezing of assets, and the expulsion of imams are examples of an authoritarian drift rather than a reiteration of the Republic’s principles. Islamophobia is neither an opinion nor a form of victimhood exaggeration, but a phenomenon thoroughly documented by abundant scientific literature. We refer Bertrand Chamoulaud back to these indispensable sources that he seems proud to ignore. Moreover, the article reveals a striking imbalance in the way antisemitic and anti-Muslim acts are addressed. While the former are fortunately recorded and published meticulously, the latter are described as “difficult to list.” This disparate treatment illustrates a stubborn refusal to take anti-Muslim racism seriously. Yet through its annual reports, the CCIE provides the most comprehensive data on Islamophobic acts in Europe. In 2022, we recorded 828 anti-Muslim acts, nearly three times the 242 reported by the Ministry of Interior. For the mentioned period —from January 1, 2024, to October 21—the figures provided by the DNRT director stand at 143, whereas the CCIE has received 1096 reports. A recent report by the EU Agency for Fundamental Rights (FRA) also indicates that Muslims are increasingly falling victim to discrimination and racism (47% have already experienced racial discrimination, 39% have faced discrimination at work, 35% have encountered discrimination regarding housing, etc.). This statistical gulf highlights the inefficiency—or indeed the unwillingness—of French authorities to document anti-Muslim racism. Despite repeated calls for more rigorous data collection, the State persists in its strategy of downplaying the issue. The figures put forward by the authorities are all the more suspect because they obscure the reality of systemic violence inflicted on Muslims, many of whom choose not to file complaints due to fear of reprisals or distrust of law enforcement. By criminalizing religious practice and civic participation, the French State actively contributes to this distrust. Furthermore, the reference to the dissolution of the Collective for Countering Islamophobie in France (CCIF) in 2020, presented by Bertrand Chamoulaud as a victory against Islamism, is doubly outrageous. First, the CCIF was an apolitical and areligious body dedicated to defending fundamental rights and combating discrimination. Second, its dissolution was driven by purely ideological motives within a context of growing anti-Muslim racism. Its dissolution was also condemned by Amnesty International, the French Human Rights League, Human Rights Watch, and many others. By eliminating a key player in documenting and combating Islamophobia, the French State deliberately chose to weaken Muslim minorities. In this respect, the CCIE reiterates that it is not alone in pointing this out: numerous researchers and intellectuals have shown how the fight against so-called “separatism” is being used to restrict fundamental freedoms. In response to this irresponsible article, the CCIE calls on Le Monde to recover a minimum level of journalistic integrity and to stop serving as a sounding board for the paranoid discourse of an extremist political fringe, especially at a time when reactionary and neo-nationalist currents are on the rise across Europe. We demand fair coverage based on verifiable facts, rather than an ideological bias against Muslims in French society. The objective complicity between certain radicalized sectors of the security apparatus and the far right—who share this civil war fantasy—poses a far more tangible threat to national cohesion. We reiterate our commitment to documenting and combating Islamophobia despite attacks and attempts to conceal it. The fight for equality and justice remains at the heart of our work, and we will continue to hold institutions accountable when they fail in their duty of protection and impartiality.

Réponse au Monde : contre la légitimation d’idées complotistes et islamophobes

Réponse au Monde : contre la légitimation d’idées complotistes et islamophobes Le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe dénonce avec la plus grande fermeté l’article publié par Le Monde ce lundi 23 décembre, lequel donne la parole sans contradiction à Bertrand Chamoulaud, directeur de la Direction nationale du renseignement territorial. Ce texte, truffé de raccourcis idéologiques et de théories complotistes, témoigne d’une grave défaillance quant au respect des principes journalistiques fondamentaux. En se faisant ainsi le relais d’un discours paranoïaque et islamophobe, Le Monde abdique sa responsabilité d’informer avec rigueur et impartialité. Tout d’abord, l’affirmation selon “les Frères Musulmans [souhaiteraient] faire à terme de la France et de l’Europe un califat en imposant la charia” relève du fantasme d’extrême-droite le plus éculé. De tels propos, indignes d’un haut responsable de la sécurité publique, démontrent un abandon total de toute exigence factuelle au profit d’une diabolisation des musulmans. Cette rhétorique conspirationniste n’est rien d’autre qu’un instrument politique pour justifier des politiques répressives et discriminatoires à l’encontre d’une partie de la population. Le directeur du DNRT continue : “lorsque l’Etat veut rappeler les règles de la République en expulsant des imams, en gelant des avoirs ou en fermant des mosquées, vous entendez des voix qui fustigent l’islamophobie”. La fermeture de lieux de culte, le gel des avoirs, l’expulsion des imams ne sont que des exemples d’une dérive autoritaire et non d’un rappel des règles de la République. L’islamophobie n’est ni une opinion ni une exagération victimaire, mais un phénomène documenté par une littérature scientifique abondante. Nous renvoyons Bertrand Chamoulaud à ces références incontournables qu’il semble fier d’ignorer. L’article illustre par ailleurs un déséquilibre frappant dans la manière dont les actes antisémites et antimusulmans sont abordés. Alors que les premiers sont heureusement recensés et publiés avec minutie, les seconds sont déclarés « difficiles à répertorier ». Ce traitement différencié témoigne d’un refus obstiné de prendre au sérieux l’islamophobie. Le CCIE, à travers ses rapports annuels, fournit pourtant les données les plus complètes sur les actes islamophobes en Europe. En 2022, nous avons recensé 828 actes antimusulmans, soit près de trois fois plus que les 242 signalés par le ministère de l’Intérieur. Pour la période mentionnée, du 1er janvier 2024 au 21 octobre, les chiffres présentés par le directeur du DNRT sont de 143 : le CCIE recense 1096 sollicitations. Le rapport de l’Agence des Droits Fondamentaux (FRA) publié dernièrement indique également que les musulmans sont de plus en plus victimes de discriminations et de racisme (47% ont déjà été victimes de discrimination raciale, 39% de discrimination au travail, 35% pour le logement…)  Ce gouffre statistique révèle l’inefficacité – voire la mauvaise volonté – des autorités françaises à documenter l’islamophobie. En dépit des appels réitérés pour une collecte de données plus rigoureuse, l’État persiste dans sa stratégie de minimisation. Les chiffres avancés par les autorités sont d’autant plus suspects qu’ils occultent la réalité des violences systémiques infligées aux musulmans, dont beaucoup choisissent de ne pas porter plainte par peur de représailles ou en raison de leur méfiance envers les forces de l’ordre. En criminalisant la pratique religieuse et la participation civile, l’État français contribue activement à cette défiance. Ainsi, l’évocation de la dissolution du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) en 2020 est présentée par Bertrand Chamoulaud comme une victoire contre l’islamisme. Cette affirmation est doublement scandaleuse. Premièrement, le CCIF était apolitique et areligieux, dédié à la défense des droits fondamentaux et à la lutte contre les discriminations. Deuxièmement, sa dissolution a été motivée par des raisons purement idéologiques, dans un contexte de surenchère islamophobe. Cette dissolution a par ailleurs été condamnée par Amnesty International, la Ligue des Droits de l’Homme, Human Rights Watch parmi tant d’autres. En supprimant un acteur clé de la documentation et de la lutte contre l’islamophobie, l’État français a délibérément choisi de fragiliser les minorités musulmanes. A ce titre, le CCIE rappelle qu’il n’est pas seul à le démontrer : de nombreux chercheurs et intellectuels ont décrit comment la lutte contre le « séparatisme » est instrumentalisée pour restreindre les libertés fondamentales. Face à cet article irresponsable, le CCIE appelle Le Monde à retrouver un minimum de rigueur déontologique et à cesser de servir de caisse de résonance aux discours paranoïaques d’une frange politique extrémiste à l’heure de la progression généralisée en Europe des courants réactionnaires et néonationalistes. Nous exigeons une couverture équilibrée et fondée sur des faits vérifiables, et non sur un parti-pris idéologique contre la présence musulmane au sein de la société française. La complicité objective entre certaines parties radicalisées de l’appareil sécuritaire et l’extrême-droite, qui partage ces fantasmes de guerre civile, constitue une menace bien plus réelle pour la cohésion nationale. Nous réitérons notre engagement à documenter et à combattre l’islamophobie, en dépit des attaques et des tentatives de dissimulation. La lutte pour l’égalité et la justice demeure au cœur de notre action, et nous continuerons à exiger des comptes aux institutions qui faillissent à leur devoir de protection et d’impartialité.

Quels sont mes droits dans un centre de formation

Télécharger la fiche pratique Sarah souhaite effectuer une formation professionnelle auprès d’un organisme de formation. Son dossier a été retenu mais lorsqu’elle se présente à l’accueil, elle est interpellée par la directrice qui l’informe qu’elle ne peut pas intégrer la formation en portant le foulard. Elle invoque le règlement intérieur qui comporte la mention suivante : « en application du principe de laïcité, le port de tout signe ostensible d’appartenance religieuse est formellement interdit, quel que soit le lieu de formation ». Un centre de formation est une organisation agréée par l’État (la DREETS) et compétente pour dispenser des formations professionnelles, initiales ou continues. Les centres de formation sont caractérisés par une variété de situations du public accueilli et d’organismes gestionnaires. Ils peuvent être publics ou privés. Ils peuvent être dirigés par les Chambres consulaires, la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre de métiers et de l’artisanat, mais aussi par l’Education nationale, des établissements publics divers ou encore de grandes entreprises, etc. Il peut notamment s’agir de formations dispensées par un GRETA (voir fiche pratique) ou un CFA (v. fiche pratique). Que dit la loi ? La liberté religieuse est un principe consacré par le droit et toute forme de discrimination est prohibée, et notamment la discrimination en raison de l’appartenance réelle ou supposée à une religion. Ainsi, la directive européenne 2000/78 CE du Conseil du 27 novembre 2000, portant création d’un cadre général en faveur de l’égalité de traitement en matière d’emploi et de travail, interdit les discriminations fondées sur la religion, y compris des organismes publics, dans l’accès à tous les types et à tous les niveaux de formation professionnelle. Les dispositions de la directive 2000/78 ont été transposées en droit français dans la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations. L’article 2-2 de cette loi dispose que : Toute discrimination directe ou indirect et fondée sur (…) la religion ou les convictions, (…) est interdite en matière (…) de formation professionnelle et de travail (…). Ce principe ne fait pas obstacle aux différences de traitement fondées sur les motifs visés à l’alinéa précédent lorsqu’elles répondent à une exigence professionnelle essentielle et déterminante et pour autant que l’objectif soit légitime et l’exigence proportionnée ;Par ailleurs, le Code pénal (art. 225-1 et 225-2) interdit la discrimination lorsqu’elle consiste à refuser la fourniture d’un bien ou d’un service, ou à subordonner la fourniture d’un bien ou d’un service à une condition fondée notamment sur l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une religion. La notion de fourniture de biens ou de services est large et recouvre la totalité des activités économiques, notamment l’accès à une formation professionnelle payante (Délibération de la Halde n° 2009-402 du 14.12.09).  Par conséquent, un centre de formation interdisant le port d’un foulard, caractérise une discrimination religieuse quant à la fourniture d’un service au sens des articles 225-1 et 225-2 du Code pénal, des articles 2-2 et 2-3 de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 modifiée portant diverses dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations (Décision du Défenseur des droits n°2018-013). En cas de stage en entreprise dans le cadre de votre formation, vous pouvez consulter la fiche stages en entreprise. Que dois-je faire ? Si on vous refuse l’accès à une formation professionnelle en raison du port d’un signe religieux : Exigez une notification écrite et motivée du refus que l’on vous oppose. Consultez le règlement intérieur du centre de formation afin de prendre connaissance d’éventuelles dispositions illégales. Si aucune disposition du règlement ne fait mention d’une interdiction de port de signes religieux, il s’agit d’une discrimination qui doit être dénoncée. Le règlement intérieur d’un centre de formation qui interdirait le port de signes religieux est discriminatoire et doit être dénoncé comme tel afin d’être modifié par l’administration. Si l’interdiction n’est pas relative à des circonstances particulières liées au respect des règles d’hygiène, de sécurité ou d’ordre public, vous pouvez présenter à la direction du centre de formation les délibérations de la HALDE ou du Défenseur des droits, qui ont eu l’occasion de se prononcer dans des affaires similaires. En cas de refus persistant de la part de la direction du centre de formation, exercez un recours auprès de celle-ci et saisissez le Défenseur des droits. Saisissez le CCIE qui vous apportera une assistance juridique et vous soutiendra dans vos différentes démarches. Télécharger la fiche pratique

Port du foulard en entreprise

Télécharger la fiche pratique Madame S.  souhaite travailler avec son foulard au sein d’une entreprise privée, l’employeur lui indique qu’il ne lui sera pas possible de le porter pendant ses heures de travail. Est-ce légal ? Que dit la loi ? Le salarié, comme tout citoyen, jouit d’une liberté religieuse laquelle est garantie par de nombreux instruments juridiques, notamment la Convention européenne des droits de l’homme, qui précise que « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique […] la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. » (Convention EDH, art. 9, §1). La neutralité ne s’impose pas comme dans les services ou entreprises exerçant une mission de service public. La liberté reste donc la règle. Toutefois, un employeur peut restreindre la liberté religieuse de ses salariés s’il le justifie par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise ou par l’exercice d’autres libertés ou droits fondamentaux et les limites doivent être proportionnées au but recherché. Si l’employeur interdit le port du foulard au travail, sa décision ne doit pas être motivée par des critères religieux ou discriminatoire. Conformément à l’article L.120-2 du Code du travail : «Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché ». (…).» L’inscription dans le règlement intérieur d’une obligation de neutralité doit donc se faire sous certaines conditions précisées par le droit. Depuis l’entrée en vigueur de la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016, l’article L.1321-2-1 du Code du travail dispose que : >« le règlement intérieur peut contenir des dispositions inscrivant le principe de neutralité et restreignant la manifestation des convictions des salariés si ces restrictions sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché ». La Cour de cassation du 22 novembre 2017 (13-19.855) a apporté certaines précisions Elle a affirmé qu’un employeur pouvait interdire, via une clause de neutralité prévue dans le règlement intérieur ou dans une note de service, le port visible de tout signe politique, philosophique ou religieux sur le lieu de travail. Pour cela, 3 conditions doivent être remplies : La disposition doit être générale et indifférenciée: à tous les salariés placés dans la même situation ; concerne toute forme visible, quelle qu’en soit la taille, d’expression des convictions ; concerne, ensemble, les convictions religieuses, philosophiques ou politiques. Elle ne doit être appliquée qu’aux salariés se trouvant en contact avec les clients. (Voir à ce sujet CJUE, 14 mars 2017, aff. 157/15). La clause répond à un objectif légitime et proportionné au but recherché. En cas du non-respect de seulement une des trois conditions, le règlement serait alors illégal et la clause de neutralité serait alors inopposable aux salariés. En l’absence d’une telle clause de neutralité, un employeur ne peut pas interdire le port de signes religieux sauf s’il démontre une nécessité justifiée (raison de sécurité). La limitation ne peut être que dans un cadre proportionné. Par ailleurs, l’employeur ne peut interdire le port d’un signe religieux afin de satisfaire le souhait d’un client en particulier (CJUE, 14 mars 2017, Asma Bougnaoui, contre Micropole SA, C188/15.) En outre, l’employeur ne peut pas licencier une salariée pour l’unique motif qu’elle refuserait de retirer son foulard devant la clientèle.  L’employeur doit d’abord rechercher s’il est possible de lui proposer un poste de travail n’impliquant pas de contact visuel avec les clients. Pour apprécier cette condition, le juge tiendra compte des contraintes inhérentes à l’entreprise. (CJUE, Asma Bougnaoui, aff. C-188/15; 14 mars 2017).           Que dois-je faire ? Exiger la communication du règlement intérieur ou de la note de service afin de vérifier l’existence d’une clause de neutralité. Exiger un écrit vous demandant de retirer le port d’un signe religieux ainsi que les motifs d’une telle demande. Communiquer à l’employeur les décisions de justice de la Cour de cassation et de la CJUE précitées. Si vous êtes salarié, vous pouvez demander à l’inspection du travail de se prononcer explicitement par décision motivée sur la conformité de cette clause de neutralité (C. trav., art. L.1322-1-1). En l’absence de clause de neutralité, saisir le Défenseur des droits pour signaler une discrimination. Saisir le service juridique du CCIE. Télécharger la fiche pratique Ajoutez votre titre ici

Procédure d’expulsion : L’acharnement des pouvoirs publics contre la mosquée de Pessac et son président

Le répit aura été de courte durée. La mosquée de Pessac, en région bordelaise, est une nouvelle fois la cible de la préfecture de Gironde, cette fois-ci à travers la personne d’Abdouramane Ridouane, le président de l’association de la mosquée visé par une procédure d’expulsion. En 2022, la mosquée de Pessac a été temporairement fermée par la préfecture, car elle promouvrait « un islam radical » et véhiculerait « une idéologie salafiste » (citation arrêté de fermeture). La critique de la politique israélienne a également été invoquée dans l’arrêté de fermeture. Cet arrêté a été annulé par le Tribunal administratif de Bordeaux, décision par la suite confirmée par le Conseil d’Etat. Pourtant, ce sont les mêmes arguments qui sont aujourd’hui invoqués dans la demande de la Préfecture pour l’expulsion de M. Ridouane vers son pays d’origine, le Niger. La commission chargée d’examiner cette demande de la Préfecture se réunira vendredi 31 mai à 14h, au Tribunal judiciaire de Bordeaux. Suite à cet acharnement sur la mosquée de Pessac, l’édifice religieux a été dégradé par sept fois ces deux dernières années, avec des injures islamophobes et racistes. La dernière en date, le 25 mai dernier, par le groupe raciste « Action directe identitaire », qui a inscrit « Imams étrangers hors de France » sur l’un des murs. Une pétition de soutien à M. Ridouane a été lancée par le Comité Action Palestine. © Crédit photo : Photo CH. L, Sudouest, Abdourahmane Ridouane dans la salle de prière de la mosquée de Pessac. Voir aussi : Le Tribunal administratif de Bordeaux annule la décision de fermeture de la mosquée de Pessac (Gironde)

À propos de la violence juvénile : la religion comme « circonstance aggravante » ? 

Le 2 avril, une jeune fille de 14 ans, Samara, a été brutalement agressée près de son école à la suite d’un harcèlement sur les réseaux sociaux et dans l’enceinte de son collège. Samara a été rouée de coups, jusqu’au coma, par des camarades de son âge. Deux jours plus tard seulement, Shemseddine, 15 ans, est tabassé à mort par une bande de jeunes à la sortie de son collège en Essonne. À l’origine de cette violence, des messages échangés entre lui et une jeune fille « sur des sujets relatifs à la sexualité ».  Ces deux événements de rare gravité, survenus coup sur coup, mettent en lumière une violence alarmante entre jeunes. Ils ont légitimement suscité une vive émotion dans l’opinion publique. De fait, la recrudescence de la violence scolaire et juvénile est un fait social d’importance, dont il convient de prendre la mesure. Elle indique une brutalisation accrue de la société française, dont les symptômes excèdent la jeunesse.  La réponse gouvernementale, motivée par la stigmatisation des classes sociales populaires et des musulman.e.s, participe d’un même climat social particulièrement détérioré. Cette annonce survient à la fin d’un mois d’avril marqué par des faits de violence commis entre personnes de très jeune âge. Le Premier ministre Gabriel Attal s’est empressé d’appeler à un « vrai sursaut d’autorité » face à « l’addiction d’une partie de nos adolescents à la violence » et à une « minorité qui tente de faire régner sa loi et de déstabiliser la République ». Le mardi 30 avril, il annonce la publication d’une circulaire pénale « pour que le motif du non-respect d’un précepte religieux lors d’une agression constitue une circonstance aggravante ». Qu’importe que ces déclarations soient aussi illusoires que contre-productives ; qu’aucune source ne valide l’hypothèse d’une pression religieuse s’agissant de Samara ; ou que Shemseddine ait lui aussi été musulman. La réponse gouvernementale de fait vise moins à traiter le phénomène de la violence juvénile – ce qui nécessiterait d’interroger les effets de la précarisation des classes populaires et de l’institution scolaire – qu’à rejouer l’éternelle dénonciation du séparatisme islamiste, origine implacable de toutes les actualités d’un débat public chauffé à blanc contre la communauté musulmane de France.  Peut-on alors s’étonner que l’une des principales réponses au phénomène de la violence juvénile consiste en une énième séquence de dénonciation des Musulmans ? Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a ainsi annoncé le principe d’une circulaire pénale explicitement dirigée contre ceux-ci – et leurs pratiques supposées –  au détour d’une interview : « On agresse quelqu’un parce qu’il est juif, cette discrimination est une circonstance aggravante mais on agresse quelqu’un parce qu’il n’a pas fait le ramadan par exemple, ça peut être retenu (comme circonstance aggravante) mais ça ne l’est pas toujours. C’est ce que je vais rappeler aux procureurs dans cette circulaire ».  Il s’agit selon le ministre de la Justice « d’attaquer le mal à la racine », c’est-à-dire de « poursuivre notre lutte sans merci contre le séparatisme, et notamment le séparatisme islamiste. De plus en plus, les violences des jeunes se déroulent sur fond de contestation des valeurs républicaines, de contestation de la laïcité et des violences se déroulent sur ce terreau-là.» Et d’ajouter : « Pas question qu’une jeune fille ne soit pas libre de s’y promener sans voile si elle le souhaite. Pas question qu’un jeune garçon ne puisse pas manger ce qu’il souhaite, quand il le souhaite. Partout en France, la seule loi qui s’applique, c’est celle de la République ».  Peut-être faudrait-il rappeler que la religion est déjà une circonstance aggravante pour les élèves perçu·e·s comme musulman·e·s, ciblé·e·s tour à tour pour leurs choix vestimentaires, pour les signes de leurs pratiques religieuses, pour leur prétendu manque d’attachement aux valeurs républicaines ou encore pour des signes de soutien à la Palestine. Les élèves musulman·e·s ont ainsi déjà fait les frais d’une longue période de lutte contre la radicalisation et contre le séparatisme qui a fait naître une société de vigilance basée sur l’encouragement à signaler tout comportement anormal, suspect, et en incitant à voir tout signe de pratique religieuse liée à l’islam comme un signe de potentiel radicalisation. À la faveur de cette peur des musulmans, des jeunes enfants, dont un âgé de seulement 8 ans, ont été convoqués par la police parce qu’ils ont été jugés dangereux par ceux et celles qui en avaient la responsabilité au sein de l’institution scolaire.  L’école est un lieu où les élèves répercutent de toute part la violence sociale et en conçoivent leurs propres excès pathologiques. Il ne s’agit-il pas de minimiser la dangerosité des violences produites par la misogynie, le virilisme et la somme des conservatismes, ou de faire des évènements récemment survenus de simples faits divers. Il s’agit néanmoins de freiner la construction d’un environnement scolaire qui devient de plus en plus irrespirable pour les enfants musulmans. Ce n’est pas en s’attaquant à la dernière instance de la violence sociale généralisée qu’on propose une voie de sortie de celle-ci. Le temps presse, l’incapacité du gouvernement à répondre autrement que de façon raciste et islamophobe est inquiétante. Aujourd’hui comme hier, la seule possibilité de sortie par le haut de la violence généralisée est celle de la construction d’un autre rapport entre l’État et ses musulmans, fondé, enfin, sur l’alliance et le dialogue.

Le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe est une association sans but lucratif basée en Belgique.

Contact

Boulevard de l'Empereur 10, 1000 BRUXELLES

Soutenir

Afin de garantir une action pérenne, il est important de s’engager sur la durée et d’ajouter votre voix à celles et ceux qui adhèrent au CCIE !

© Copyright 2024 CCIE