La préfecture de police de Paris a annoncé, ce mardi 8 février, interdire la manifestation des « Hijabeuses » prévue ce mercredi. Ce collectif milite pour lever l’amendement qui entend interdire le port du foulard lors des compétitions sportives organisées par les fédérations et les associations affiliées. La prefecture suspend les Hijabeuses !Une fois de plus, on empêche les femmes de jouer.. on vous explique tout en détails. #LetUsPlay #LaissezNousJouer #Footballpourtoutes #SportPourToutes pic.twitter.com/mlqOxDiu0L — Les Hijabeuses (@leshijabeuses) February 8, 2022 Le collectif avait appelé au rassemblement sur l’esplanade des Invalides où « matchs de foot avec les hijabeuses, les allié.e.s et les élu.e.s » étaient au programme. Mais, l’arrêté de la préfecture de police soutient que « la manifestation projetée est de nature à troubler l’ordre public ». L’argumentaire de cette interdiction est par ailleurs vide de sens, évoquant « l’islam politique, qui prône le port du voile », « l’égalité entre les femmes et les hommes », la situation des femmes dans certains pays comme « l’Iran et l’Afghanistan », le « patriarcat religieux » ou encore le reportage de Zone Interdite, diffusé le 23 janvier dernier sur « l’islam radical ». Le collectif a réagi à cette interdiction en dénonçant une décision « arbitraire, injuste et disproportionnée ». Les arguments avancés par le préfet sont scandaleux et ne reposent sur rien d’autre que des préjugés racistes et une confusion politique délibérément entretenue. Les Hijabeuses – Twitter Elles annoncent également avoir saisi le tribunal pour contester l’arrêté préfectoral, qui le suspend finalement. La manifestation des hijabeuses fait suite à l’amendement dans le cadre du projet de loi sur la démocratisation du sport. Députés et sénateurs s’opposent encore sur la question. Le texte doit être rediscuté ce mercredi à l’Assemblée nationale.
Mercredi 12 janvier 2022, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a choisi la chaîne d’information d’extrême-droite CNews pour annoncer sa décision de fermeture de la mosquée Al Madina de Cannes (Alpes-Maritimes) en accord avec le maire LR de la ville David Isnard. Il reproche à ses responsables d’avoir tenu des « propos antisémites » et « d’avoir soutenu le Collectif Contre l’Islamophobie en France ainsi que Barakacity », deux ONG dissoutes par le gouvernement de Macron fin 2020 pour des motifs fallacieux. La préfecture des Alpes Maritimes a également ajouté, à cette charge du ministre, que « des propos haineux envers la France et incitant à la haine des homosexuels et transexuels » avaient été tenus. Gérald Darmanin en a profité également pour accuser 70 lieux de culte musulmans en France d’être des mosquées radicalisées laissant penser que la campagne de répression du ministère se poursuivra jusqu’à l’obtention de la fermeture temporaire ou définitive de ces espaces de liberté religieuse. De son côté, le recteur de la mosquée menacée par Gérald Darmanin, Ahmed Guessoum, a affirmé lors d’un point de presse, que les propos incriminés avaient été tenus par l’ancien recteur, qui, n’ayant plus aucune responsabilité au sein de la mosquée, a démissionné et déménagé de la ville de Cannes. Par ailleurs, l’équipe actuelle n’a pas le contrôle des comptes concernés par les publications. Ces affaires de fermeture administrative laissent apparaître que des dispositions particulières s’appliquent en France lorsque des sanctions sont infligées aux musulmans. Afin de tenir compte de leur singularité et de leur infériorité ainsi que de l’irrésistible appétit raciste de certains hommes politiques, les scrupules juridiques et les considérations morales sont effacées. Les musulmans sont responsables collectivement et de manière immuable des actes ou des propos d’une minorité d’entre eux. Appliquée à d’autres cultes, cette règle aurait poussé à la fermeture l’ensemble des lieux de prière dans lesquels auraient exercé les pédophiles. Cette hiérarchie des principes et des races est insoutenable dans un pays démocratique. Elle ruine le concept d’égalité et même d’humanité en tant qu’ensemble composé d’individus dont les différences sont indifférentes. C’est pourquoi tous les Français doivent bénéficier d’une égale dignité et d’un traitement indifférencié. Tout le contraire de la politique de Macron à l’égard des musulmans de son pays.
Gérald Darmanin semble choisir de réagir aux actes haineux islamophobes visant les mosquées en fonction de l’adhésion de ces dernières à la Charte des principes de l’Islam de France. Explications. La dernière réaction de Gérald Darmanin suite à la profanation de la mosquée de La Mûre a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup ont relevé l’hypocrisie d’une condamnation de façade face à une politique de diabolisation des mosquées de France. C’est encore pire que cela. Si on pouvait malheureusement s’en douter, c’est désormais démontrable : Gérald Darmanin, ministre chargé de la protection des cultes, semble choisir de condamner (ou non) une profanation à l’encontre d’une mosquée selon que celle-ci a signé (ou pas) la charte des principes de l’Islam de France. C’est un nouveau palier inédit qui est franchi dans la banalisation de l’expression de haine à l’égard des musulmans. Pas de charte, pas de condamnation ? Les chiffres sont implacables. En 2021, 30 mosquées et institutions musulmanes ont été visées par des actes haineux. 18 sont survenus au cours des quatre derniers mois. 27 ont ciblé directement des mosquées. Un tag haineux a ciblé l’ONG musulmane “Human Appeal”, un centre-ville historique a été couvert de tags “Islam Dehors”, et enfin, une lettre de menace de mort a été envoyée au Président de la confédération Milli Görus, Fatih Sarikir. Sur ces 30 manifestations de haine à l’égard des musulmans, Gérald Darmanin n’a eu de mots de condamnation sous forme de tweets qu’à 8 reprises. Jamais une seule mosquée turque dépendante des confédérations CIMG (Milli Gorus) ou DITIB n’ont eu de mots de sa part, quelle que soit, par ailleurs, l’ignominie des messages haineux adressés aux mosquées. Ou plutôt si. La seule fois étant la salle de prière de La Mure, gérée par une association turque, et visée par un acte haineux le 28 décembre dernier, soit quelques jours après que le CIMG, et les deux autres fédérations restantes (Foi et Pratique et DITIB) aient finalement signé la charte des principes de l’Islam de France. Pour rappel, la charte des principes de l’Islam de France est un texte largement controversé, en ce qu’il impose un cadre dépassant les règles de neutralité de l’état en matière de laïcité par rapport au culte musulman. Elle contient également une mention intimant les responsables du lieu de culte de ne pas faire mention d’une “islamophobie d’État” lors des prêches. Le texte, tant par la démarche que par son contenu, avait suscité de vives critiques du monde associatif musulman. À la question : « Est-ce que les actes de la politique du Ministère de l’Intérieur conduisent à banaliser les actes haineux à l’égard des mosquées ?”, la réponse devient alors évidente. Et cela fait froid dans le dos, particulièrement dans un contexte où nous notons des actions coordonnées contre des mosquées. Des attaques coordonnées et…banalisées Dans la nuit du 7 novembre au 8 novembre 2021, quatre mosquées du département du Doubs (25) en Bourgogne-Franche-Comté sont marquées à la peinture rouge d’une croix de Lorraine. Deux semaines plus tard, dans la nuit du 20 novembre au 21 novembre 2021, deux mosquées ont subi le même sort. Au total, 6 mosquées ont été visées dans le Doubs, avec le même mode opératoire, mais aucune mesure officielle de protection renforcée de ces mosquées n’a été annoncée par le préfet Jean-François Colombet. Détail supplémentaire : alors que la première attaque visant quatre mosquées, appartenant toutes à la fédération turque Ditib, n’avait suscité aucune réaction ni de la part du Préfet, ni du Ministre de l’Intérieur, la seconde attaque visant deux mosquées a été unanimement condamnée par les autorités publiques. À noter que ces deux dernières mosquées n’appartiennent pas aux confédérations turques. Par ailleurs, nous constatons une forme de revendication politique assumée dans les attaques visant les mosquées, reflétant les discours politiques. Par exemple, la Croix de Lorraine était un symbole de résistance face à l’Allemagne nazie. Ici, elle est utilisée pour viser les membres des communautés musulmanes en écho aux discours ambiants comparant des militants antiracistes perçus comme musulmans à des “nazislamistes”. Nous nous rappelons également des discours comparant le voile à un brassard nazi. Le 10 avril 2021, c’était le Centre Avicennes à Rennes qui était visé par plusieurs tags islamophobes haineux. Parmi ces messages, nous pouvions y lire “EELV = traîtres” quelques semaines après la polémique nationale qui avait visé la municipalité écologique de Strasbourg suite à son aval au projet de construction de la mosquée Eyyup Sultan. Les discours des personalités politiques favorisent les passages aux actes haineux et nourrissant un cercle sans fin de surenchère islamophobe. L’exemple le plus éclatant du sentiment d’impunité qui anime les auteurs des tags haineux est ce message s’adressant au gouvernement, laissé sur le mur de la mosquée de Martigues en juillet dernier, au milieu d’inscriptions obscènes “Arab dehors, “porc”, “N*k musulmans” : “À l’aide gouvernement: le sentiment d’insécurité est une réalité”. Les agissements du Premier flic de France, conditionnant son indignation à des actes intentant aux biens et à l’intégrité de fidèles musulmans à la signature d’une charte, viennent renforcer une logique où il y aurait des “bons musulmans”, qui mériteraient notre solidarité, tandis que les autres mériteraient leur sort. Cela paraît d’autant plus alarmant que la “carte des mosquées non signataires de la charte”, publiée par le fasciste et fondateur de Fdesouche Damien Rieu le 10 mars 2021, est toujours en ligne, accessible par tous sur Twitter. Si Cédric O, Secrétaire d’État à la transition numérique a su en début de semaine trouver des ressources pour contacter directement Instagram afin de faciliter la certification du compte de l’influenceuse controversée Mila, il semblerait que personne au gouvernement n’ait eu le temps de contacter Twitter France pour leur suggérer de supprimer ce tweet, alors qu’au moins un tiers des mosquées visées en 2021 se retrouvent sur cette carte. Un questionnement s’impose alors : qui est-ce qui s’enfonce de plus en plus dans le séparatisme, en excluant du contrat républicain une partie de sa population ?
Dans la nuit du 27 au 28 décembre, deux nouvelles dégradations islamophobes ont eu lieu dans des salles de prières à La Mûre et à Domène (Isère) . Au même moment, des inscriptions islamophobes dans les rues de Château-Gontier (Mayenne) ont été découvertes. Ces dégradations interviennent dans un moment où les menaces envers les lieux de culte musulmans ne font que s’accentuer. Comme le rapporte Le Dauphiné Libéré, des fidèles de la mosquée de Domène ont surpris un homme en train de répandre sur le sol le contenu de plusieurs armoires et arracher un des radiateurs qui réchauffait les lieux durant cette période hivernale. “Il aurait ensuite écrit sur une nappe en papier des mots accusant l’imam d’endoctriner les fidèles et de les inciter à devenir terroristes” rapporte le quotidien. Plus au nord, des inscriptions islamophobes et nazies ont été découvertes ce mardi matin dans les rues du centre-ville de Château-Gontier-sur-Mayenne. Selon France Bleu, On pouvait y lire “ »Islam dehors », ou « Heil Hitler », inscrits à la peinture blanches sur les murs d’une dizaine de maisons du centre-ville historique de la ville ou encore des croix gammées peintes”. Le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin s’est empressé de condamner sur Twitter les dégradations ainsi que les inscriptions islamophobes. Les lieux de culte musulmans font l’objet de dégradations régulières depuis plusieurs années et les rapports sur l’islamophobie rappellent régulièrement cette forme de violence qui touche la communauté musulmane en France et en Europe. Si elles ont, parfois, fait l’objet de condamnations de la part des responsables politiques, les auteurs de ces agressions ont rarement été appréhendés. Pire, lorsqu’ils le sont, la condamnation est rarement assez sévère pour dissuader toute récidive. Il est par ailleurs très inquiétant de constater que dans la période récente qui suit le débat sur le “séparatisme”, ce type d’attaques s’est accentué et surtout banalisé, en particulier depuis que des groupes extrémistes et néonazis ciblent, dans leurs communications, les mosquées qui n’ont pas signé la “charte des principes de l’islam” que veut imposer Gérald Darmanin pour réformer “l’islam de France” et reconquérir les “territoires perdus de la République”. En effet, lorsqu’on observe l’enchaînement de cette stigmatisation incessante, on se rend compte rapidement de la violence qu’elle génère, notamment auprès d’une extrême droite qui va saluer d’une part les mesures de la loi séparatisme et en même temps critiquer le gouvernement pour son manque d’action. Le résultat se transforme rapidement en violence physique : les groupes identitaires ou néonazis qui se croient investis d’une mission de reconquête s’attribuent la responsabilité de l’action contre ces “mosquées séparatistes” et n’hésitent plus, maintenant qu’ils ont l’aval idéologique du chef de la police, à passer à l’acte. Dès lors, la responsabilité du ministre de l’Intérieur – censé protéger ces lieux de culte – est immense. Et au lieu d’apporter son soutien “aux musulmans” uniquement comme il le fait dans son tweet, il devrait se rendre compte qu’attaquer une mosquée, de quelque manière que ce soit, tout comme attaquer n’importe quel lieu de culte, c’est s’attaquer à la liberté de conscience en France.
Dans un monde idéal où la liberté religieuse ne serait pas considérée comme une entrave à la « neutralité » journalistique et où les gens seraient considérés en fonction de leurs compétences, l’info serait banale. Mais dans le contexte que nous connaissons, il est important de relever l’annonce faite par la journaliste Ayah Galal, qui a présenté son premier journal télévisé ce samedi 25 décembre sur la chaîne américaine WFSB (Connecticut). Today was my first time anchoring at @WFSBnews and this marks the first time a woman in hijab has anchored in Connecticut! 🧕🏽🎥📺 Excited for this personal and professional milestone. Wishing a safe and happy Holidays to all! ❤️ pic.twitter.com/FPL7cfTvqI — Ayah Galal (@ayahgalal) December 25, 2021 Comme l’on noté plusieurs médias américains, Ayah Galal est la première femme portant un foulard à présenter le journal au Connecticut. Une mission que la journaliste, diplômée en journalisme et en sciences politiques, est fière de porter : « c’est un véritable honneur pour moi de pouvoir partager des récits dans l’Etat où je vis ». Ayah Galal a débuté en 2018 dans les coulisses de la chaîne puis a suivi un parcours professionnel qui l’a conduit au poste qu’elle occupe aujourd’hui et qu’elle pensait au départ impensable pour une personne portant un foulard. Selon le CT Insider, Ayah Galal a en effet confié avoir eu beaucoup de doutes sur son ambition, notamment en raison de la mauvaise représentation des musulmans dans les médias. Elle a pu compter sur le soutien de ses collègues « qui l’ont encouragée tout au long », ce qui lui permet aujourd’hui de contribuer positivement à la représentativité des musulmans dans l’espace audiovisuel et d’espérer pour les jeunes générations d’être fiers de leur différence. Bien qu’elle ait reçu beaucoup de messages islamophobes offusqués de sa présence à l’antenne, Ayah Galal témoigne qu’elle a reçu beaucoup plus de messages positifs et de soutiens.
Le mécanisme est connu. La séquence se répète chaque trimestre : une “étude”, financée par un média, des intérêts partisans ou privés, révèlent que “les élèves musulmans testent la République” (sic)1, à grand renfort de chiffres-choc, dont la méthodologie peu scrupuleuse n’est jamais discutée. Puis s’enclenche une semaine de débats sur des chaînes infos, donnant la parole à des polémistes, des figures politiques et des commentateurs qui, s’appuyant sur le vernis de scientificité que leur offrent ces sondages (qui n’en ont aucune), déversent un torrent de paroles racistes sans aucun mécanisme de contrôle des propos tenus. Les minorités mises en cause, qu’il s’agisse des quartiers populaires, des communautés religieuses ou des groupes ethno-culturels, sont ainsi stigmatisées et sommées de se justifier sur des phénomènes qui ne sont jamais objectivés, quand ils ne sont tout simplement pas construits de toute pièce. Dans cet article, nous revenons sur la méthodologie et les buts d’une récente étude, commandée par la Licra et le “Droit de Vivre”, traitant du “droit à la critique des religions et des formes de contestations de la laïcité à l’école”. Hélas, les écueils, manquements et biais de ces sondages “buzz” que nous relevons ici sont tout aussi volontaires que constants dans les sondages à spectacle de ce type. Décryptage 1. Les biais liés à l’approche globale Une étude au service d’un objectif politique clair On le voit dès le titre de “l’étude” : il s’agit d’imposer d’emblée le postulat d’un problème lié à la critique des religions, ainsi que l’existence d’une “contestation de la laïcité”, dont il faudrait évaluer la portée et la gravité. Ces deux problématiques, tout à fait légitimes comme objets d’étude au demeurant, auraient très bien pu être traitées de manière exhaustive et sérieuse, par le recours aux données des saisines au niveau des rectorats ou des études transversales auprès du corps enseignant. On aurait réalisé que s’il existe bien des attitudes marginales qu’il convient de traiter et un écrasant besoin de formation et d’espaces de pédagogie autour des questions de laïcité, on est loin du tableau alarmant que l’extrême droite (et ses inavoués alliés de circonstance) essaie de dresser. Cette approche par les faits ne satisfaisant pas l’objectif politique de mise en cause des lycéens de confession musulmane, elle a été délaissée par les commanditaires de l’étude, au profit d’un sondage, qui pourrait être étudié comme un cas d’école dans les formations de sciences politiques ou de statistique élémentaire. Un « universalisme » de forme, une obsession de fond C’est dans la liste même des commanditaires : “Le Droit de Vivre” (dont on aimerait que les lycéens musulmans puissent aussi jouir en paix) – Revue Universaliste, ainsi que la LICRA, n’ont eu de cesse durant les dernières années de revendiquer une approche “aveugle aux couleurs”, renvoyant toute catégorisation ou toute objectivation des marqueurs du racisme à du “racialisme”. En revanche, quand il s’agit de construire des minorités comme un problème dans le cadre de ce sondage, là nos « universalistes » retrouvent soudainement la vue. C’est ainsi que les répondants sont classés en “blancs” et “non-blancs” (pages 12, 14, 16, 19, 21, 23…) dans le sondage, sans que cela ne dérange nos antiracistes universalistes de la dernière heure, qui auront vite fait d’expliquer que ce sont juste des catégories libres pour analyser les phénomènes. Cela n’a pourtant pas empêché ces mêmes “antiracistes” de diaboliser avec constance et véhémence les universitaires, militants associatifs ou journalistes qui ont, pour des raisons objectives de lutte contre le racisme, utilisé ces catégories dans le passé. De la même manière, les lycéens sont catégorisés en fonction de leur religion, avec un focus spécifique sur les musulmans, à qui ce sondage est principalement dédié. Les personnes de confession musulmane sont ainsi scrutées à la loupe, dans leurs pratiques, leurs croyances et leur rapport à la laïcité et la République. L’universalisme du discours cède alors à une obsession pour des marqueurs liés à la couleur de peau, la classe sociale ou la religion. Mais comme on le voit, les seuls masques que fait tomber ce sondage à visée politique sont ceux de ses commanditaires. Un dispositif d’étude défaillant Comme on le verra dans l’étude de l’échantillonnage, le dispositif choisi par les commanditaires induit des biais non sans conséquences sur les résultats du sondage. Ainsi, le choix a été fait d’opter pour un mode de recueil par “questionnaire auto-administré”. Qu’est-ce que ça veut dire? Que les répondants remplissent le questionnaire seuls devant leur écran, sans la moindre question de suivi ni réponse à leur possibles questions quant aux formulations ou aux concepts évoqués. Et c’est là tout l’écueil de faire réagir des personnes sur des mots-valises instrumentalisées en permanence sur la place publique… Interrogés sur la laïcité ou le terrorisme, sur la République ou sur des contestations, un répondant ne peut ainsi pas demander de précisions, ni le sondeur poser des questions factuelles, ce qui est le premier moyen de s’assurer de la sincérité des réponses, sur des sujets prêtant à controverse. C’est d’autant plus problématique quand, comme c’est le cas ici, les répondants étudiés ne constituent qu’une poignée d’individus. Cette auto-administration rend ainsi possible une lecture différenciée du questionnaire, au gré des représentations politiques que les répondants portent sur la société. Par exemple, en page 8 du questionnaire, on constate que plus le statut social des parents des lycéens est élevé, plus les formes de contestations qu’ils observent sont nombreuses… Or si le statut social avait un impact statistique explicatif sur les faits, il serait plutôt situé dans la manifestation des actes plutôt que dans l’acuité visuelle des “observateurs” de ceux-ci. C’est donc que les représentations politiques des répondants influent sur leurs observations, sans vérification possible. Ce que ce mode de recueil rend précisément possible. 2. Les biais liés à l’échantillonnage Il y a 2 288 800 lycéens en France. Mais l’IFOP se contente d’un échantillon de 1006 répondants pour tirer des conclusions d’une portée politique nationale. À titre d’indication, le CNESCO (Centre National d’Etude des Systèmes Scolaires) avait mené en 2020 une étude incluant
Deux étudiantes portant le foulard ont gagné leur procès contre la Haute École de Bruxelles, Fransisco Ferrer (HEFF) le mercredi 24 novembre dernier. Dans son jugement, le tribunal de première instance francophone de Bruxelles a reconnu le caractère discriminatoire du règlement intérieur de l’établissement scolaire supérieur, qui interdisait le port de tous signes convictionnels. Le tribunal a de même ordonné la cessation de cette discrimination. Pour rappel, plusieurs étudiantes voilées de la HEFF avaient attaqué en justice, dès novembre 2017, la ville de Bruxelles – pouvoir organisateur de l’école en question – qui refusait le port du foulard au sein de l’établissement ainsi que toute possibilité de faire évoluer la question. Selon le collectif les 100 diplômées, les étudiantes subissaient « humiliations et remarques déplacées » pendant des années. Un miroir était même installé à l’entrée de l’établissement, marquant la limite à ne pas franchir avec le foulard.
Mercredi 24 novembre dernier, Yassine F. découvre l’abri de chantier de sa future maison en feu. Un incendie a ravagé les lieux, où celui-ci avait obtenu un permis de construire. Dans cette affaire, la piste criminelle est privilégiée et l’islamophobie est mise en évidence. En effet, pour certains habitants de la commune de Saint-Jeures, la famille de Yassine F. n’est pas la bienvenue. Une pétition aurait même circuler pour dénoncer le permis de construire de la maison de ce dernier. « Le problème aujourd’hui, c’est que je ne porte pas le nom et le prénom qui vont bien », affirme-t-il au quotidien Le Progrès, avant de conclure : « J’abandonne mon projet, j’ai peur pour mes enfants ».
Emira* est employée dans une société de réinsertion professionnelle. A ce titre, elle exerce en tant qu’animatrice dans une école primaire publique. Sa mission consiste à accompagner et surveiller les enfants pendant les heures de cantine et de pause. Durant le premier mois de sa prise de fonction, son turban est accepté et ne fait l’objet d’aucune remarque, ni de la part de ses employeurs ni de la part des responsables de l’établissement scolaire. Elle est par ailleurs très appréciée des enfants, qui ne font aucune observation concernant son turban. C’est au cours du deuxième mois qu’Emira est interpellée par sa supérieure, qui lui explique qu’elle ne doit plus porter son turban, invoquant le principe de neutralité à l’école. Cette remarque est arrivée quelques jours après l’intervention exceptionnelle d’Emira dans un autre établissement scolaire. Surprise, Emira ne comprend pas le changement d’attitude de ses supérieurs, qui ne lui avaient jusqu’alors adressé aucune observation concernant le port de son turban. D’ailleurs, ils reconnaissent eux-mêmes être indifférent au fait qu’elle porte le turban, mais qu’ils subissent des pressions. De qui ? En tout état de cause, ces personnes ont fini par convaincre la société dans laquelle Emira travaille de se débarrasser d’elle. « En revanche vous pouvez travailler dans le ménage à l’école, mais pas animatrice ». Voilà la phrase qui a été adressée à Emira qui, indignée, décide de contacter le CCIE. En charge de ce dossier, le CCIE lui apportera l’aide, le soutien et les conseils dans cette affaire. C’est grâce à votre soutien que le CCIE peut venir en aide à toutes celles qui comme Emira tentent de vivre leur foi de manière apaisée, dans une société de plus en plus rongée par les thèses d’extrême droite. Pour les autres femmes qui sont privées de leurs droits, Emira adresse ce message : « Surtout, ne pas s’avouer vaincu ! Si la loi nous permet de garder notre foulard dans des métiers autres que le ménage, alors allons-y ! » *Le prénom a été modifié
Yasmine*, étudiante portant le foulard, vient d’intégrer à la rentrée scolaire 2021 un institut de formation en soins infirmiers. Dès la réunion de rentrée, la direction de l’établissement de santé – dans lequel les étudiants exercent – leur annonce l’application du principe de neutralité au sein du réfectoire. Les étudiantes portant le foulard devront donc le retirer pour manger ! Les syndicats ont pris connaissance des faits et ont été scandalisés d’apprendre ces nouvelles mesures. Les étudiantes voilées seraient en effet les seules concernées par cette interdiction. Considérant que cette décision était discriminatoire, les syndicats ont entrepris des démarches auprès des responsables. Mais l’établissement de santé a refusé de les entendre et a même renforcé ses prises de position discriminatoires, jouant sur le statut des étudiantes, considérant ces dernières comme stagiaires. Jusqu’à ce jour, les étudiantes portant le foulard n’ont pas le droit de déjeuner au réfectoire avec le reste de leurs camarades. Elles n’ont d’autres choix que de se rabattre sur des micro-ondes qu’a bien voulu leur mettre à disposition leur établissement pour réchauffer leurs plats. Cette situation reste pénible pour elles, leur rajoutant une charge supplémentaire pour s’occuper de leur repas. Désespérée, Yasmine s’est donc tournée vers le CCIE, pour en savoir plus sur ses droits en tant qu’étudiante. Aujourd’hui, le CCIE est en contact avec ces étudiantes pour suivre leur dossier et leur apporter conseil. Pour les étudiantes qui sont dans la même situation que Yasmine, elle adresse ce message : « N’hésitez pas à en parler autour de vous, et n’oubliez pas que vous n’êtes jamais seul(e)s ! » *Le prénom a été modifié